Abstract
Peut-on justifier l’emploi de procédures démocratiques de décision en invoquant le désaccord irrémédiable qui existe entre les citoyen·nes sur les questions sociales, de justice et de droit? Forgé par Rawls pour penser le statut des conceptions morales, philosophiques et religieuses dans une société libérale, le concept de « désaccord raisonnable » a été étendu par certain·es théoricien·nes de la démocratie, notamment Jeremy Waldron, pour englober toutes les questions politiques et juridiques. Cet article montre qu’une telle extension a des effets contre-productifs pour la justification de la démocratie. D’une part, elle aboutit à relativiser l’importance de la décision démocratique. D’autre part, elle fait paradoxalement apparaître le mode de décision démocratique comme injustifié.