Penser la guerre à partir des femmes et du genre : l’exemple de la Grande Guerre

Astérion 2 (2004)
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Abstract

Françoise Thébaud, en posant la question de savoir comment le genre structure les politiques de guerre, présente une intervention qui fait le point sur la « barbarisation » de la guerre dans le cadre de l’histoire du genre, à partir de la mise en évidence du passage du problème de l’émancipation, ou de l’autonomisation (cf. travaux des années 1960-1970), des femmes à celui de la réflexion plus récente sur la violence de guerre (depuis les années 1980) qui conteste la thèse de la guerre « émancipatrice » (si provisoire et superficielle qu’ait été cette émancipation). Dans ce cadre-là, la guerre en ex-Yougoslavie a pu jouer un rôle d’accélérateur de la prise de conscience du caractère très relatif de l’émancipation des femmes par la guerre des hommes. Certains historiens récents de la Première Guerre mondiale en viennent à travailler sur la culture de guerre qui serait le fondement d’une « brutalisation » du conflit au nom d’une « ethnicisation » de l’ennemi. Leurs thèses sont contestées par ceux qui rejettent l’idée d’un simple consentement à la guerre au profit d’un mélange complexe de contraintes, fraternité, patriotisme et refusent que la « culture de guerre » prenne le pas sur les autres cultures pré-existantes. La place des femmes et du genre dans la guerre est d’abord abordée par F. Thébaud à la lumière d’une double mythologie sexualisée (l’équation pureté nationale/pureté sexuelle et la féminisation de l’ennemi comme décadent) et de l’autre mythe de la femme « naturellement » pacifiste en tant que mère potentielle. Or, les féministes ont adhéré massivement à l’effort de guerre et l’internationalisme « féministe » s’est effondré. Par ailleurs, la relative « humanisation » du conflit dont sont porteuses les femmes aux armées se fait toujours au service exclusif de la patrie. Dans un dernier volet de son intervention, F. Thébaud s’attarde sur la réalité des violences faites aux femmes et les réactions qu’elles ont pu susciter. Les viols ont eu lieu pendant l’invasion plus que pendant l’occupation et le débat sur l’« enfant de l’ennemi » s’il a été animé d’un point de vue discursif ne permet pas d’en savoir beaucoup plus sur la réalité. Les déportations de femmes hors des villes occupées suscitèrent, quant à elles, suffisamment de réactions violentes pour que les Allemands mettent fin à cette pratique dès 1916. Certaines interventions féministes visèrent à modifier les lois de la guerre mais on en sait peu sur la place des femmes dans l’humanisation de la guerre. Par ailleurs, une comparaison s’avérerait nécessaire entre les histoires respectives de la guerre dans les pays dits occidentaux et dans les pays de l’Est

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