Abstract
Rémi Tison Dans cet article, je traite de la nature des processus cognitifs sous-tendant nos attributions d’états mentaux aux animaux non humains. Selon la conception traditionnelle, nous n’avons qu’un accès indirect aux états mentaux d’autrui, qui doivent être inférés sur la base du comportement. Cette conception traditionnelle influence autant les débats conceptuels concernant l’esprit des animaux que les recherches empiriques sur la cognition animale. Or de récents travaux sur la cognition sociale humaine avancent plutôt une conception « interactionniste », selon laquelle les états mentaux peuvent parfois être directement perçus dans le comportement. J’applique dans cet article la conception interactionniste à l’attribution d’états mentaux aux animaux. Je conclus que celle-ci rend mieux compte des attitudes du sens commun à l’égard des états mentaux des animaux et est plus féconde pour la recherche empirique sur la cognition animale que la conception traditionnelle.