Abstract
En plus de caractériser le sujet de la science logique en termes d’intention seconde, d’argument et de syllogisme, Albert le Grand s’exprime souvent comme si la discipline portait en fait sur le langage verbal et l’appelle même une science du langage (scientia sermocinalis). Une rapide analyse des trois sens principaux que l’expression « sujet de la science » peut prendre pour Albert suggère que les autres caractérisations du sujet de la logique sont plus strictes et essentielles, et que la logique n’étudie le langage que dans la mesure où il imite les choses conçues qu’il signifie, et qu’on peut lui attribuer, comme à un signe, leurs propriétés logiques. La considération logique du langage demeure toutefois absolument nécessaire, car le langage, selon Albert, non seulement rend possible l’étude des intentions secondes en les manifestant au sens, mais est aussi une condition de l’existence ou, à tout le moins, du développement du discours de la raison lui-même. C’est pour de telles raisons qu’Albert, même comme disciple d’Avicenne, semble tout à fait à l’aise pour suivre l’usage plus traditionnel en Occident de compter la logique parmi les scientiae sermocinales, lesquelles sont ici comparées et distinguées, avec une insistance plus particulière sur la relation entre la logique et la grammaire.