Abstract
Dans le cadre de la psychopathologie des inadaptations qui concerne les familles déshéritées plus connues sous le vocable de familles « cas sociaux », l’auteur s’interroge sur le lien pouvant exister entre l’instabilité motrice et affective dont souffre la grande majorité des enfants qui « bénéficient » d’une mesure d’aide éducative ou de placement et l’errance qui traverse la vie de leurs mères : errance géographique, errance amoureuse et errance dans le langage. Ce qui caractérise ces familles est une très grande précarité, tant matérielle que psychique, qui prédispose à la répétition de ruptures, sociales, professionnelles ou familiales. Cette répétition agie des ruptures – au fil des générations et dans une même génération – peut être appréhendée sous l’angle d’une impossible séparation au sens d’une impossible mise en lien. Nous touchons là ce qui dans l’errance renvoie à une psychopathologie de l’absence ; le sujet se trouvant précisément pris au piège de la logique utopique.