Abstract
J’examine pourquoi et dans quel sens l’imagination est présente dans un récit portant sur des faits ou des événements réels. Je présente le problème tel qu’il est énoncé par Paul Ricœur lorsqu’il introduit les trois genres du « Même », de « l’Autre » et de « l’Analogue » afin d’expliquer comment un récit peut rendre des faits et des événements « tels qu’ils se sont réellement passés ». J’en appelle, pour la solution, à la notion de « phantasma » d’Edmund Husserl, qu’il considère comme le support de l’imagination pure, comme lorsque j’imagine un centaure. Le phantasma joue dans l’imagination pure le même rôle que les sensations dans la perception. Je soutiens qu’un récit comporte un phantasma – ce qu’il nous permet de visualiser et d’expérimenter à la lecture d’un récit – et que ce phantasma est analogue aux sensations de perceptions que les premiers observateurs avaient de ces faits et événements. Il n’y a donc pas, premièrement, de différence radicale entre la perception et l’imagination : toutes deux comportent un moment de « simple présentation » par le biais de sensations ou de phantasma, respectivement. Deuxièmement, la partie imaginative d’un récit nous permet de faire de nouveau l’expérience de faits et événements bruts sur le mode du « comme si ».