Abstract
L'auteur a voulu dégager l'unité de pensée qui relie les diverses significations que le mot „liberté” et, subsidiairement, le mot „égalité” reçoivent dans l'œuvre de J.-J. Rousseau. Il estime que le sens philosophique du mot „liberté” entendu comme „une puissance de vouloir ou plutôt de choisir” ne peut fournir un support à la perfectibilité d'une liberté qui s'affirme successivement dans l'indépendance naturelle d'un agir propre, dans l'acquisition de la propriété, dans une vie sociale fondée sur l'établissement d'une égalité juridique, dans une vertu morale formée selon une loi intérieure, et dans la conquête de soi par l'acquiescement à un ordre ontologique. Il lui semble que ces formes de liberté sont insuffisamment comprises comme moments d'un développement inhérent au concept de liberté, en raison d'une problématique morale et politique qui veut se passer d'une recherche plus fondamentale qui ferait apparaître liberté comme réalisation progressive d'un être-par-soi. L'auteur insiste également sur l'ambiguïté d'une philosophie politique qui ne peut lever l'opposition entre la motivation utilitaire du contrat social et sa légitimation juridique et qui, faute de faire valoir les médiations nécessaires entre le bien-être de l'individu et la force de la société, fait reposez l'ordre social sur la vertu et la contrainte