Dans ce texte de 1923, Cassirer cherche à réaliser le programme échafaudé par Haym dans sa biographie de Humboldt publiée en 1856, mais qui n’a selon lui jamais été accompli dans le détail, à savoir montrer l’influence du système critique de Kant, et notamment de sa Critique de la raison pure, sur la philosophie du langage de Wilhelm von Humboldt. La première partie expose l’objection qui ne manque pas d’être spontanément soulevée à la vue d’un tel projet. Dans le système (...) critique, organisé autour des deux centres de la nature et de la liberté, il n’y a en effet pas de place pour le langage. Une telle situation apparaît d’ailleurs surprenante lorsque, comme le fait la seconde partie de ce texte, on place la Critique à côté des grands systèmes philosophiques des XVI e, XVII e et XVIII e siècles, où le langage constituait un thème important. En quoi la Critique de Kant, éloignée des problèmes du langage, pourrait-elle dès lors avoir une influence véritable sur Humboldt? La réponse vient une fois la place de Humboldt définie dans cette reconstruction historique. En effet, sa philosophie du langage résout précisément le conflit entre Kant et son idéalisme critique d’un côté, et Herder et sa conception de la vie et de la spontanéité de l’esprit de l’autre. La troisième partie tente dès lors de montrer à quel point cet idéalisme critique – notamment par le biais de son motif transcendantal, comprenant un nouveau concept d’objet, d’objectivité et de sujet, et de sa paire matière/forme – travaille de manière souterraine la philosophie du langage de Humboldt, ce qui aboutit en retour à réévaluer la place de la Critique dans l’histoire des problèmes du langage. (shrink)

Despite its title, Jean-François Courtine’s Archéo-Logique. Husserl, Heidegger,Patočka (henceforth AL), is mostly—if not exclusively—a book devoted to Heidegger. This is readily apparent in the table of contents: seven (chapters II-VIII) of the nine studies gathered in this volume deal entirely with Heidegger; one (chapter I) works through Heidegger’s notion of “Destruktion” with reference to Natorp’s “Rekonstruktion”; and only the concluding essay (chapter IX) focuses on Patočka’s a-subjective phenomenology and its criticism of Husserl. As for the “Introduction”, the only name mentioned (...) is, again, Heidegger’s. And when it comes to the historical context covered in the book, the author summarizes: “From the Natorp–Bericht to the Gespräch von der Sprache, these are the two extreme boundaries within which the following studies are included” (p. 9).Yet such an explicit restriction to Heidegger does not do full justice to the actual scope of this book. In fact, one of the most important co. (shrink)

L’enjeu de cet article est de justifier l’idée d’une fondation phénoménologique, d’inspiration husserlienne, d’une science de la littérature. Cette fondation implique la description de la corrélation eidétiquement distincte dans laquelle le sens de l’œuvre littéraire vient à se constituer, à savoir celle de la quasi-lecture, que nous esquissons dans un premier temps. Le principe d’une science de l’œuvre littéraire est ensuite garanti sur la base d’une analyse de son caractère de phantasia mise en forme et sur la structure spécifique d’horizon (...) du « monde » imaginaire qu’elle projette. Nous esquissons enfin dans la conclusion certaines pistes à venir d’une phénoménologie husserlienne de la littérature. (shrink)

Aurélien Djian | : L’ambition de cet article est double. Il s’agit d’abord de fixer le contexte philosophique qui sous-tend le débat entre Derrida et Marion en 1999, à l’Université de Villanova, et de réviser la perspective qui y est formulée selon laquelle le destin de la phénoménologie est intimement lié à une décision à prendre à l’égard du concept d’horizon : « il n’y a pas de phénoménologie sans horizon », affirme Derrida à Marion, il faut donc la dépasser (...) ; « la dernière étape en vue d’une véritable phénoménologie serait d’abandonner le concept d’horizon », rétorque Marion à Derrida. Cette révision de perspective nous conduira alors, dans un second temps, à restituer, en se servant de l’histoire du concept d’horizon comme fil directeur heuristique, le sens de ce que nous appellerons l’histoire française de l’herméneutique phénoménologique, dont l’unité, par-delà la multiplicité des étiquettes, réside dans le partage d’une même définition de l’activité philosophique, comme tentative de laisser se montrer soi-même à partir de soi-même le phénomène par excellence, et, avec et contre le second Heidegger, d’une même exigence de dépassement de l’horizon, solidaire de la métaphysique moderne de la subjectivité. Le principe d’une telle reconstruction permettra enfin d’envisager la possibilité d’une histoire différenciée des concepts alternatifs de phénoménologie et d’horizon, qui reste à écrire. | : The task of this article is twofold. First, it is meant to sketch out the philosophical context within which the Derrida/Marion debate that happened in 1999 at the university of Villanova took place, and to overhaul the perspective that it puts forward, that the destiny of phenomenology itself is linked at the abandon of the concept of horizon : “Without horizon there is no phenomenology”, argues Derrida against Marion ; “the last step for a real phenomenology would be to give up the concept of horizon”, answers Marion to Derrida. This overhaul will then leads us to use the history of the concept of horizon as a heuristical guiding thread to flesh out what makes the unity of what we can call the French history of hermeneutical phenomenology, that is to say, firstly, the sharing of the same definition of philosophy, as the attempt to let the distinctive phenomenon be seen as it shows itself by itself. And, secondly, with and against the second Heidegger, of the same requirement of overcoming the horizon, as it is committed to the modern metaphysics of subjectivity. The principle on which such a reconstruction is based will finally allow us to consider the idea of a differentiated history of the alternative concepts of phenomenology and horizon. History which is yet to come. (shrink)

In these 1910 summer semester lectures, Adolf Reinach uses the concept of arché as a guiding thread to sketch out a history of Platonic philosophy and to trace it back to the Presocratics. More precisely, by means of this philosophical attempt to offer a historical account, Reinach intends to flesh out what he thinks is the main contribution of Plato to philosophy, and which, at the same time, turns out to be the roots of his own philosophy, namely: to consider (...) ideal objects as the arché of philosophy; to use the phenomenological method; and, last but not least, to devote his research to the study of the things themselves, rather than to the elucidation of the main subjective opinions of his time. Thus, this is Reinach’s Plato that we finally see emerging from a reading of his lectures—a Plato who, in spite of being “non-historical,” “non-true,” appears as the figure who nonetheless motivated him to follow his own philosophical path. (shrink)