On est porté à sous-estimer le rôle authentiquement productif de la raison dans la Dialectique transcendantale de la Critique de la raison pure. Cet article propose une illustration de ce rôle à l'occasion des Paralogismes de la raison pure, qui ne sont rendus possibles que sur la base d'une fiction négative opérée à partir du sens interne. Cette illustration s'inscrit dans la perspective plus large d'une interprétation de la Dialectique transcendantale en vertu d'une théorie du schématisme, laissée au second plan (...) par Kant en raison de la prépondérance des motivations critiques.We tend to underestimate the authentically productive role of reason in the Transcendental Dialectic of the Critique of Pure Reason. This paper suggests an illustration of this role as it can be traced in the Paralogisms of Pure Reason, which themselves became possible on the basis of a negative fiction exerted toward the inner sense. This illustration is part of a larger perspective aiming at an interpretation of the Transcendental Dialectic on the ground of a theory of schematism, which is somehow overshadowed by Kant's critical intentions. (shrink)
ABSTRACT: When we reconstruct Fichte’s philosophy of nature of the Jena period, we notice striking similarities between the conception of organism in the Doctrine of Science and Schelling’s corresponding developments in his early Naturphilosophie. Even though both thinkers agree to consider organic nature within the framework of transcendental idealism, it is nevertheless possible at this stage to discover slight differences in their interpretation which announce their future disagreement on the status of a philosophy of nature. If, for instance, organism for (...) both Fichte and Schelling can be considered as an analogon of the absolute, much depends on whether they conceive this analogy from a practical or theoretical point of view. (shrink)
»Als dies geschrieben wurde, war das Verständnis für Fichtes Bedeutung noch geringer als heute. Ganz allmählich bricht sich die Einsicht Bahn, wieviel von diesem großen Denker gerade für die Transzendentalphilosophie zu lernen ist., S. 95.«.
Comme l’indique le titre, c’est l’idéalisme qui est retenu pour solutionner le problème de l’objectivité, encore que le dogmatisme se présente tout naturellement comme le premier candidat. En effet, la tentation est grande d’expliquer cette nécessité qui accompagne la représentation par une «cause» extérieure, en l’occurrence par l’objet qui affecte. Ce qui signifie toutefois une rechute dans le naturalisme. Il est donc exclu pour Fichte que la représentation de l’objet puisse être issue d’une chose en soi affectant le sujet. Au (...) dogmatisme, Fichte oppose évidemment son idéalisme critique. Contrairement à l’opinion courante cependant, ce choix n’implique pas que Fichte rejette entièrement le concept de «chose en soi». Grâce à une discussion nuancée de la question du statut de la chose en soi chez Fichte, Martin réussit à montrer que l’étiquette de «dogmatisme» désigne en vérité non pas le réalisme, mais bien plutôt la théorie qui cherche à expliquer l’objectivité de la représentation à l’aide d’une affection provenant de la chose en soi. Malgré certaines formulations imprudentes de Fichte, son refus de la chose en soi ne concerne que cette explication de l’affection, si bien que la question du statut de la chose en soi, considérée indépendamment du problème épistémologique de l’objectivité, demeure une question ouverte chez Fichte. Le dogmatisme condamné ici doit donc être soigneusement distingué du réalisme. Cette distinction permet d’ailleurs de maintenir simultanément deux affirmations apparemment divergentes de Fichte: la première, selon laquelle une synthèse de l’idéalisme et du réalisme est possible, et la seconde, d’après laquelle le dogmatisme, comme vis-à-vis de l’idéalisme en regard de l’explication de l’objectivité, est carrément inacceptable. En insistant de la sorte sur la différence sémantique qui prévaut entre dogmatisme et réalisme — c’est-à-dire la doctrine qui admet l’existence d’objets extérieurs sans référence au problème de l’affection — Martin est en mesure de trancher le différend qui oppose Rockmore et Rabb sur cette question. (shrink)
Encore que l’ouvrage de Monique Castillo cherche à cerner l’interrogation philosophique kantienne dans son ensemble, il ne constitue pas pour autant une introduction à Kant au sens classique du terme. Ce livre exige en effet une certaine familiarité avec l’œuvre dans la mesure où le lecteur est convié à un parcours inédit et spéculatif visant à montrer l’unité profonde et la cohérence interne du kantisme. Ne se contentant pas uniquement de mettre en contexte les différents éléments du système, l’auteure se (...) livre à un véritable travail de reconstruction en mettant au jour les nombreux liens qui en tissent la trame. (shrink)
Claude Piché | : Il est symptomatique que Fichte ait destiné la première version écrite de sa Doctrine de la science « à ses auditeurs », c’est-à-dire aux étudiants de l’Université d’Iéna où il venait d’entrer en fonction. En effet, Fichte a toujours cru que la lettre de l’exposé proprement scientifique de sa philosophie devait être accompagnée d’une explicitation orale, privilégiant ainsi un contact direct avec l’auditoire en vue d’éviter les malentendus. Tout au long de sa carrière, il s’est en (...) vérité résolument méfié de l’« écrit » et c’est la radicalité de cette attitude qui explique en partie le différend qui s’est fait jour entre lui et Schiller à propos de l’article sur l’« esprit et la lettre en philosophie ». Ces deux termes prennent sous la plume de Fichte une signification inattendue qui témoigne de manière privilégiée de la façon dont il envisage la philosophie transcendantale et son mode de transmission. | : It is striking to notice that Fichte intended the first written version of his Doctrine of Science “for his listeners,” namely for the students of the University of Jena where he had just taken up his post. Fichte in fact always believed that the ‘letter’ of the scientific exposition of his philosophy should be accompanied by an oral explanation, so as to establish a direct contact with his audience in order to avoid misunderstandings. Throughout his career, he was suspicious of the “written” word ; this radical attitude explains at least in part the disagreement that took place between him and Schiller concerning the article “on the spirit and the letter in philosophy.” Under Fichte’s pen, these two terms take on an unexpected meaning that illustrates, in a priviledged way, how he envisages transcendental philosophy and its mode of transmission. (shrink)
Claude Piché | : Lorsqu’on dit de la morale kantienne qu’elle est « rigoriste », on entend habituellement par cette épithète une morale sévère et austère, voire puritaine. Dans ces conditions, on ne s’étonne nullement de trouver au fondement de celle-ci la thèse du mal radical, attribué au genre humain en entier. J’aimerais toutefois montrer que Kant a une conception bien spécifique du rigorisme, dont il accepte volontiers de se réclamer et qui, loin de toute connotation puritaine, ne concerne au (...) fond que la précision conceptuelle du discours philosophique. Or c’est grâce à cette rigueur intellectuelle que l’on peut comprendre ce que Kant entend par mal radical. Nous allons voir qu’il s’agit en vérité d’un mal qui n’a rien du caractère diabolique auquel l’adjectif « radical » nous porte spontanément à le rattacher. | : Kant’s conception of morality is often characterized as “rigorist,” a term which is usually associated with the adjectives “severe” and “austere,” even “puritan.” So it comes as no surprise to find, at the basis of this austere theory of morality, the thesis of radical evil, attributed to humankind as a whole. I would like to show, however, that Kant has a very specific conception of “rigorism.” In fact, the term has nothing to do with puritanism ; rather, it refers to the conceptual precision of philosophical discourse. Accordingly, Kant does not hesitate to accept it as a requirement for his own moral theory. Indeed, it is thanks to this intellectual rigour that Kant arrives at his conception of radical evil. It will be shown that this evil does not have the diabolical connotation that the adjective “radical” would suggest at first glance. (shrink)