Qu’un interet renouvelé se manifeste aujourd’hui pour la versant épistémologique de l’œuvre de Gaston Bachelard peut se comprendre au regard de l’histoire contemporaine de la philosophie des sciences.Cette histoire a été dominée durant la plus grande partie du XXe siècle par une doctrine – celle de l’empirisme logique – promue à Vienne à la fin des années 1920 par une institution originale, le Cercle de Vienne qui publie son manifeste en 1929, et s’organise comme un mouvement à visée universelle et (...) progressiste – celui de la “conception scientifique du monde”.La tradition française de la philosophie des sciences a pris d’entrée de jeu un tout autre chemin. Si elle ne les a pas ignorées, elle a refusé de souscrire aux thèses majeures du positivisme logique lorsqu’il s’est présenté à elle. Elle a toujours lié étroitement philosophie et histoire des sciences.Dans le titre de ce petit livre écrit durant l’année universitaire 1967-1968 sous la direction de Georges Canquilhem, Dominique Lecourt a avancé l’expression d’“épistémologie historique” pour signaler, à propos de Gaston Bachelard, cette particularité. (shrink)
L'originalité de cet imposant dictionnaire consiste à recouvrir "le domaine entier de l'histoire des sciences nturelles et de la pensée philosophique qui leur est intimement associée". Les notices sur les concepts, institutions, noms propres, etc. sont d'une exceptionnelle richesse. [SDM].
D'" agronomie " à " physique quantique ", d'" Avicenne " à " Wittgenstein ", de " bioéthique " à " hasard " et " loi de la nature ", en passant par " neurone ", " Newton ", " Prigogine ", " symétrie "... Bien au-delà de l'inventaire des progrès marquants de l'histoire des sciences, ce dictionnaire, couronné par l'Institut de France, a pour ambition d'introduire ses lecteurs aux réalités de la pensée scientifique. Réflexion philosophique et enquête historique y (...) sont mêlées, mettant au jour les présupposés, ressorts et perspectives philosophiques des théories et des inventions scientifiques. Inédit en poche, ce dictionnaire, qui ne connaît aucun équivalent, s'adresse aux chercheurs, étudiants, ingénieurs ou pédagogues, mais aussi à tous ceux qui s'intéressent aux sciences de la nature et ne se satisfont pas du positivisme dominant. Fruit de la collaboration de près de deux cents chercheurs et universitaires français et étrangers, scientifiques, philosophes, historiens et sociologues, ce dictionnaire est publié sous la direction de Dominique Lecourt, professeur de philosophie à l'Université Denis Diderot-Paris VII où il dirige le Centre Georges Canguilhem. (shrink)
Dominique Lecourt argues that a counter-revolution in French intellectual life has seen the period of the master thinkers of the 1960s succeeded by an era of ...
On fait des déclarations d'amour ainsi que des déclarations de guerre ; chacun est tenu de déclarer aussi ses impôts et ses marchandises à la douane. Déclarer, c'est d'abord dévoiler un fait pour qu'il fasse lien. Ce livre " déclare " la philosophie en ce qu'il tente de la monter à l'oeuvre au cœur des sciences, des techniques et des arts aussi bien que de la religion et de la politique. On a rédigé, en un moment solennel et mémorable, une (...) " Déclaration des droits de l'homme et du citoyen.. ".. Déclarer, ce peut être affirmer une volonté pour qu'elle fasse droit, au besoin en renouvelant le droit lui-même. On trouvera ainsi dans ce recueil une incitation à poser la question philosophique des règles et des normes dont les sciences sociales et humaines ont puissamment contribué à établir l'emprise sur notre monde. (shrink)
Diderot ne saurait être considéré comme l’un parmi d’autres des "matérialistes français" du XVIIIe siècle. Sa pensée ne s’inscrit en réalité ni dans la tradition cartésienne ni dans la tradition lockienne en matière de philosophie de la connaissance, contrairement à une tradition d’interprétations qu’on peut faire remonter à Marx dans la Sainte famille et qui s’est illustrée plus près de nous de plusieurs noms. Diderot écrivain, philosophe et encyclopédiste est ici étudié à l’occasion du tricentenaire de sa naissance, à travers (...) ses écrits – publics ou personnels – en cinq leçons ; un hommage par l’un des spécialistes de celui qui incarna peut-être le mieux, de son vivant déjà, le siècle des Lumières. (shrink)
Si le dogme du progrès est ici remis en cause, il n'est pas pour autant diabolisé. La recherche de progrès est nécessaire, en termes de mieux social même si le risque est au coeur du progrès. L'auteur nous invite à une gestion citoyenne de ce risque, des manipulations génétiques aux conséquences des nouvelles technologies. Pour une épistémologie politique.
J'ai voulu ici répondre à des questions qui engagent l'avenir, et que m'ont posées des jeunes gens travaillant à mes côtés : qu'avez-vous fait de vous, depuis trente ans ? Qu'avez-vous fait pour nous ? Ce spectacle permanent donné par quelques-uns sur les tréteaux, à quoi rime-t-il ? Est-il suffisant de l'imputer à la puissance des médias, au jeu des réseaux d'influence, du copinage institué et de la corruption rampante ? Pourquoi aucune pensée apparemment nouvelle ne se présente-t-elle ? Devrions-nous (...) renoncer à toute prise sur un monde dont nous déplorons la misère, la mesquinerie et la violence ? Je me suis donc efforcé de démêler les fils de l'histoire qui a conduit, nombre d'intellectuels français, à ne plus se donner pour autre ambition que d'acquérir le statut social de "leader d'opinion", comme on dit sur le marché. Pour cela, j'ai dû reparcourir le chemin qui les a vus passer, du rejet de leurs maîtres-à-penser, à l'abandon de toute pensée inventive. Un penseur qui délaisse la pensée, dont il a reçu la charge, et ne se soucie plus de la porter au-delà d'elle-même, je l'épingle comme un "piètre penseur". A l'ère des "maîtres penseurs" a succédé, selon moi, l'époque des "piètres penseurs". (shrink)
Marx et Engels ont cru trouver dans la théorie darwinienne de l'évolution le fondement historico-naturel de leur idéologie politique, tout en critiquant son malthusianisme. L'article montre que, beaucoup plus prudemment, Darwin s'en est tenu au seul terrain scientifique, laissant ouverte la réflexion philosophique sur la continuité entre l'animal et l'homme qu'il n'a cependant pas cessé d'affirmer. Quant au rapport entre organisme vivant et organisations sociales, il insiste plutôt sur la différence, à l'écart aussi bien d'un spiritualisme extrême que d'un biologisme (...) réducteur. (shrink)