Dans un contexte de crise du système capitaliste – une crise qui n’est sans doute qu’une étape de plus dans une fuite en avant qui dure depuis 30 ans, par laquelle ledit système tente désespérément de dissimuler la contradiction fondamentale qui l’habite – ce livre part de notre impuissance pratique et de l’impossibilité où nous sommes actuellement de penser un autre monde. Et il rapporte cette impossibilité au fait de la privation de monde comme au fait majeur résultant du dispositif (...) capitaliste. Ce dispositif a fait de nous ce que les philosophes modernes ont pensé que nous étions : des sujets séparés de l’objectivité, des sujets sans monde, retirés du monde, spectateurs désinvoltes d’un monde qui n’est plus le leur. La perte du monde et la séparation d’avec l’objectivité sont deux manières d’exprimer un même phénomène : celui de l’aliénation. Ce dispositif a produit l’illusion du sujet souverain et la réalité d’une masse d’individus dépossédés de leur puissance. Au cœur de ce diagnostic, on trouvera une relecture de Marx, une tentative de mise en dialogue de Heidegger avec Marx et une confrontation critique avec des représentants contemporains ou actuels de la critique sociale. La perspective est celle d’une objectivation des sujets qui en fasse des « individus sociaux » capables d’un usage commun de leur monde. (shrink)
La lecture conjointe de Marx et de Spinoza que l’on tente ici se justifie de l’idée qu’est mise en œuvre par l’un et l’autre une rationalité d’un type différent de celui de la raison formelle, utilitaire et calculatrice portée et finalement réalisée par la modernité occidentale. On se propose d’explorer – pour une critique de la raison abstraite et formelle – les ressources offertes par la thèse, partagée par les deux philosophes, selon laquelle les hommes doivent être compris comme des (...) « parties de la nature » : peut alors être considéré comme ressors fondamental de l’aliénation tout procédé théorique et tout dispositif pratique aboutissant à la séparation des hommes et de la nature, à l’abstraction du sujet hors du monde objectif, à la formalisation de la raison indépendamment de ses contenus. Marx et Spinoza ont en commun d’avoir vu, en amont de toute Dialectique de la raison , que ces procédés et ces dispositifs d’abstraction du sujet et de subjectivation de la raison, instaurés initialement en vue d’assurer la maîtrise des hommes sur la nature et du sujet sur l’objectivité, devaient se renverser en leur contraire et finalement engendrer un sujet impuissant parce que dominé par ce dont il s’est lui-même séparé.Cette nouvelle édition revue et corrigée est suivie en annexe d’un compte-rendu et d’une discussion des thèses de Frédéric Lordon dans Capitalisme, désir et servitude. Marx et Spinoza. (shrink)
À la source de ce livre il y a la conviction que certaines des évolutions les plus négatives des sociétés contemporaines confèrent une actualité nouvelle au concept d’aliénation selon la compréhension qu’en ont proposée des penseurs aussi apparemment éloignés l’un de l’autre que Marx et Heidegger : l’aliénation comprise comme privation de monde. Nos sociétés mondialisées sont paradoxalement celles où s’impose l’expérience d’une privation de monde sans précédent. Plusieurs dimensions de cette privation sont analysées ici, notamment l’expérience temporelle d’un présent (...) éternel, l’épuisement de l’historicité et l’accélération frénétique des maintenant successifs. Quant au lieu où se joue originairement la privation de monde, Franck Fischbach soutient la thèse qu’il s’agit du travail dans la forme salariale qui est la sienne sous le capital et dont le caractère mutilant n’a cessé d’être amplifié par les plus récentes évolutions. C’est donc aussi d’une transformation du travail que dépend la possibilité d’un advenir historique de l’être de l’homme dans le monde. (shrink)
C’est un fait bien établi maintenant que le titre commode d’idéalisme allemand ne recouvre ni une unité monolithique de doctrines ni l’unité univoque d’un processus qui, passant par Fichte et Schelling, aurait trouvé avec Hegel son seul accomplissement possible.Prenant pour fil conducteur la question de savoir comment doit commencer la philosophie et par quoi il faut commencer en philosophie, on tente ici une lecture comparée de Hegel et de Schelling avec l’ambition de rouvrir entre eux un dialogue rendant manifeste que (...) leur séparation n’a pu avoir lieu que sur le fond de ce qui leur échut à tous deux également, à savoir la tâche d’accomplir la philosophie comme science.La question du commencement philosophique est bien celle que seuls pouvaient véritablement poser ceux qui ont voulu conduire la philosophie à sa fin, à son accomplissement, c’est-à-dire Hegel et Schelling. (shrink)
This paper explores the relationship between Adorno and Schelling. It argues that Adorno resorted to Schellingian motifs to counteract the influence of Hegelian thought. In defending this thesis, I examine the various stages in the development of Adorno’s thought, beginning with two texts from the 1930s and concluding with Negative Dialectics and ‘Skoteinos’. This allows us to see that Adorno’s concern to discover a way of thinking that is capable of doing justice to the ‘non-identical’ was present throughout his philosophical (...) career. (shrink)
Chacun sait que la « critique sociale » n’a pas son origine au cinéma et qu’elle est née quelque part du côté de chez Marx. Mais, dans une période où se multiplient des films comme It’s a free world! , Louise Wimmer , Une vie meilleure , Dans la tourmente ou La mer à boire , la question du rapport entre le cinéma et la critique sociale retrouve une actualité qu’elle n’a plus eue depuis les années 70. Dans ce contexte, (...) Franck Fischbach montre que la critique sociale n’est ni un genre, ni un style cinématographique, mais une fonction que certains films mettent en oeuvre parmi d’autres fonctions et quel que soit leur genre d’appartenance. Mais comment situer alors la fonction de critique sociale par rapport au genre du cinéma politique? Et quels sont les instruments et les dispositifs proprement filmiques d’une critique sociale cinématographique? (shrink)
The concept of alienation, as put forward in the 1844 Manuscripts, is a particularly complex one. Marx tentatively outlines a conception of alienation that is proper to him, that is not merely the transfer of the Feuerbachian conception from the religious sphere to social and economic life. Marx's innovation is to have gone beyond a conception in which alienation is regarded as the loss of a subjective content in the object, or as the experience of the loss of the object (...) that is intrinsically alienating, insofar as the worker is deemed to have invested his subjectivity in the object that has been produced. Marx thus puts forward the idea that objectification is not in itself alienating. This is the case with work, an activity that is naturally objectifying, or with a being that is itself natural and objective, such as the worker. What is alienating, for an objective being, is the suppression of the objectivity that is proper to it : that is, the negation of its naturalness, and of the originally passive and "affected", acted upon, dimension of its being. (shrink)
Commentant Schelling, Heidegger note : « Être et vouloir ; comme [il appert] à partir de la tradition de la métaphysique théologique, là derrière se tient “l’actus” ». Mais, au lieu de mener l’enquête en direction de l’arrière plan où se tient l’actus, Heidegger fait porter son attention sur ce qui se situe au premier plan, c’est-à-dire sur la détermination de l’être de l’étant comme volonté. Si le vouloir se laisse comprendre comme le trait essentiel en fonction duquel la subjectivité (...) de l’ego a été interprété par la métaphysique moderne, l’actus en revance paraît ne pas appartenir en propre à cette dernière : traduction latine de l’energeia grecque, on le retrouve dans l’actus purus médiéval, dans l’actuositas leibnizienne, dans la Tathandlung fichtéenne et jusque dans la Selbstbetätigung de Marx. Qu’en est-il de cet actus qui semble traverser la métaphysique occidentale sous diverses formes, qui « se tient derrière » les conceptions les plus diverses de l’être de l’étant? Explorer et mettre au jour d’autres possibles toujours recelés par l’ontologie de l’agir : telle est la tâche à laquelle l’auteur se consacre dans le présent ouvrage. (shrink)
Kann man die soziale Welt und die sozialen Prozesse aus der Perspektive der Beherrschten schreiben? Wie lässt sich eine Artikulation der Interessen der Subalternen innerhalb des Rahmens der Philosophie denken? Und was kann die Philosophie zum Denken des Widerstands beitragen? Franck Fischbach, ein exzellenter Kenner der deutschen Philosophie, insbesondere der Tradition der Kritischen Theorie, propagiert in diesem Buch die Begründung einer französischen Sozialphilosophie nach deutschem Vorbild und trägt damit zur deutsch-französischen philosophischen Kommunikation bei. Im Nachwort setzen Thomas Bedorf und Kurt (...) Röttgers diesen Austausch aus deutscher Sicht fort. (shrink)
Ideology in Marx: from the “stunted life” to “imaginary” representations The aim of the article is to define the meaning of the concept of ideology which is proper to Marx. To do so, it examines the writings of the young Marx, earlier than German ideology, bringing together those elements in the 1844 Manuscripts which were to lead to the establishment of the concept of ideology. The article thus shows how the concept of ideology presumes a certain “parallelism” between social life (...) and the life of consciousness, between the process of the production of the material conditions of life and the production of ideal forms, of the ideological representations which are thus shown to be the imaginary and inadequate forms of consciousness. In the case of the dominated, such ideal forms necessarily accompany the stunted and limited forms of social life. In the case the dominant class, they duplicate forms of social life separated from the material conditions of production. (shrink)
The Misadventures of Critique. Reflections from the Work of Jacques Rancière The article puts forward an argument which has two stages. It begins by an acknowledgement of the criticism addressed by Rancière to a postmodern mode of social critique which basically explains that if social critique is no longer effective, it is because the system subjected to the critique has the capacity to digest all the various types of criticism which can be levelled against its actual mode of operation. The (...) conclusion to be drawn from this can only be that the status of such a discourse is a paradoxical one, insofar as it denounces the illusions of critique while preserving its own position as a lucid agent of critique. The article then seeks to formulate its reservations concerning the position of Rancière, when the latter argues that the paradox or contradiction exposed in this respect is in fact inscribed in social critique from the beginning, in other words since Marx. The article demonstrates that the critical procedure, as envisaged by Marx, in no sense posits a hierarchical distinction between the lucid critic and the mass of those to whom the social critic addresses a discourse explaining the causes of the illusions of which they are inevitably the victims. (shrink)
Franck Fischbach | : Le concept de réflexion joue un rôle clé dans la constitution de la théorie critique dès les premiers textes de Horkheimer dans les années 30. Mais la théorie critique n’a pas le monopole de la réflexion et la théorie traditionnelle la met également en oeuvre : c’est donc qu’il y a une spécificité de la réflexion engagée par la théorie critique. Au fil d’une enquête qui va de Horkheimer à Habermas, le présent article tente de localiser (...) cette spécificité dans la particularité d’une expérience qui conduit à la réflexion, à l’adoption de l’attitude critique et ouvre l’horizon de l’émancipation. | : The concept of reflection plays an important part in the critical theory right from the beginning of the Frankfurter School in Horkheimer’s texts during the 30s. However, the critical theory doesn’t have a monopoly on reflection and the traditional theory resorts also to it. Therefore, the critical use of the reflection must have a specificity that the present article aims at bringing to light. Following a path from Horkheimer to Habermas, this article tries to set this specificity in an individual and collective experience that can lead to reflection, to the adoption of the critical attitude and opens the perspective of emancipation. (shrink)
Cet article explore la possibilité de contrer dans la théorie et dans la pratique le mouvement qui a conduit au triomphe des thèses néolibérales, à savoir le mouvement d’abstraction de la science économique hors du domaine des sciences sociales, et les conséquences de ce mouvement : la critique du concept même de social, la promotion systématique, dans la théorie, de points de vue désocialisés et strictement individualistes et, dans la pratique, des principes de concurrence dite libre. C’est contre cela que (...) l’on propose ici d’ouvrir la voie d’une resocialisation de l’économie. (shrink)
Marx and Communism. Marx was always extremely reluctant to offer a positive description of a communist society. Communism, for Marx, is neither an ideal nor a utopia. This does not mean that communism is an immanent process through which capitalism is to abolish itself, in a quasi-automatic manner. Capitalism sows the seeds of a communist society. However these seeds cannot grow spontaneously. This is because capitalism simultaneously generates obstacles to their full development. Clearly, the idea of communism has no meaning (...) for Marx apart from an action that is consciously and voluntarily opposed to these impediments. Communism is thus a dynamic which already exist. Its only existence is however through the praxis of those who actually struggle for the flourishing of a higher form of life. (shrink)
Commentant Schelling, Heidegger note : « Être et vouloir ; comme [il appert] à partir de la tradition de la métaphysique théologique, là derrière se tient “l’actus” ». Mais, au lieu de mener l’enquête en direction de l’arrière plan où se tient l’actus, Heidegger fait porter son attention sur ce qui se situe au premier plan, c’est-à-dire sur la détermination de l’être de l’étant comme volonté. Si le vouloir se laisse comprendre comme le trait essentiel en fonction duquel la subjectivité (...) de l’ego a été interprété par la métaphysique moderne, l’actus en revance paraît ne pas appartenir en propre à cette dernière : traduction latine de l’energeia grecque, on le retrouve dans l’actus purus médiéval, dans l’actuositas leibnizienne, dans la Tathandlung fichtéenne et jusque dans la Selbstbetätigung de Marx. Qu’en est-il de cet actus qui semble traverser la métaphysique occidentale sous diverses formes, qui « se tient derrière » les conceptions les plus diverses de l’être de l’étant? Explorer et mettre au jour d’autres possibles toujours recelés par l’ontologie de l’agir : telle est la tâche à laquelle l’auteur se consacre dans le présent ouvrage. (shrink)
Na podlagi Deweyjevega razlikovanja med »zgolj združbenim obnašanjem« in »resnično družbenim obnašanjem« skuša članek pokazati, da lahko delo razumemo kot tisti dejavnik, ki omogoča prehod od prvega do drugega, tj. do skupnosti delovanja oziroma do sodelovanja. Izpeljava izpostavi demokratične zmožnosti, ki so lastne delu, in nazadnje privede do možnosti, da bi delovno okolje obravnavali kot demokratično javno mesto, ki bi lahko utemeljevalo vse druge prostore te vrste.