Le « cogito, ergo sum » cartésien apparaît depuis quarante ans comme « inférence et performance » (J. Hintikka). Mais de quelle inférence s'agit-il précisément ? Pour le savoir, cet article poursuit deux objectifs : d'abord, montrer que la question pertinente à laquelle il s'agit de répondre ne concerne pas la relation logique interne qui lie le cogito au sum, et qui est une intuition, mais celle, externe, qui lie le « cogito, ergo sum » tout entier au « quicquid (...) cogitat, est ». Ensuite, montrer que cette dernière relation est tout à la fois une induction et une déduction. (shrink)
Deuxième volet d'une étude consacrée à la possibilité et l'existence chez Leibniz, cet article tente de reconstruire la conception leibnizienne de l'existence, notion fondamentale qui soutient toute l'ontologie de l'auteur et qui n'est pourtant ni clairement définie ni systématisée. En trois parties, nous établissons que l'existence leibnizienne est bien un degré de possibilité, un ajout, un complément, mais elle n'ajoute rien de nouveau. Elle n'est pas une perfection, mais une relation comparative de perfections entre elles. Elle n'est pas un prédicat (...) réel, mais un prédicat logique. Elle se définit comme ce qui est distinctement senti, ce qui plaît à un esprit tout en ne déplaisant pas à l'esprit le plus puissant, et ce qui est le plus harmonique. La conception leibnizienne de l'existence a plusieurs couches, et à de nombreux égards préfigure déjà la position kantienne. (shrink)
L’indéfini cartésien, qui désigne ce dont on ne peut prouver les bornes, s’applique à deux domaines : les mathématiques et la physique. Cet article examine son application au monde physique, en deux moments. D’abord, par l’examen de l’indéfinité de l’univers, où l’on montre que l’univers cartésien n’est ni fini ni infini, mais in-défini, à la fois selon l’espace et selon le temps . Ensuite, par l’examen de l’indéfinité dans l’univers, qui pose le problème de la continuité, à la fois dans (...) l’espace et dans le temps, où nous défendons une interprétation continuiste et aprioriste selon laquelle le temps cartésien est continu, et cette continuité n’est jamais qu’un pour soi. (shrink)
Deuxième volet d’une étude consacrée à la possibilité et l’existence chez Leibniz, cet article tente de reconstruire la conception leibnizienne de l’existence, notion fondamentale qui soutient toute l’ontologie de l’auteur et qui n’est pourtant ni clairement définie ni systématisée. En trois parties, nous établissons que l’existence leibnizienne est bien un degré de possibilité, un ajout, un complément, mais elle n’ajoute rien de nouveau. Elle n’est pas une perfection, mais une relation comparative de perfections entre elles. Elle n’est pas un prédicat (...) réel, mais un prédicat logique. Elle se définit comme ce qui est distinctement senti, ce qui plaît à un esprit tout en ne déplaisant pas à l’esprit le plus puissant, et ce qui est le plus harmonique. La conception leibnizienne de l’existence a plusieurs couches, et à de nombreux égards préfigure déjà la position kantienne. Second part of a study dedicated to possibility and existence in the philosophy of Leibniz, this article attempts to reconstruct his conception of existence, a fundamental notion that supports the entirety of his ontology, which is nevertheless neither clearly defined, nor systematized. In three parts, we establish that Leibniz’s conception of existence is a degree of possibility, an addition, a complement, which does not, however, add anything new. Existence is not a perfection, but a comparative relation of perfections between themselves. It is not a real predicate, but a logical predicate, characterized as that which is distinctively felt, as that which pleases a mind without displeasing the most powerful mind, and as that which is the most harmonious. Leibniz’s conception of existence has several layers and already prefigures to many the position of Kant. (shrink)
On sait que l'ontologie leibnizienne trace, pour ainsi dire, le plus court chemin de la possibilité à l'existence. On mesure moins que cette ligne est parcourue d'étapes dont la première, assurément, est l'existentiabilité des possibles. Cet article examine d'abord la conception leibnizienne de la possibilité, à travers cinq définitions. Il analyse ensuite la nature et le rôle de cette existentiabilité, dans ses rapports à la possibilité d'une part et à l'existence elle-même d'autre part, pour finalement conclure sur l'existentialisme d'un auteur (...) dont on souligne habituellement l'essentialisme. De cette manière, possibilité et existentiabilité permettent de redécouvrir à nouveaux frais tout un pan de la pensée de Leibniz. (shrink)
Jean-Baptiste Jeangène Vilmer | : À première vue, il s’agit d’une chose et son contraire : la guerre est tellement le lieu par excellence de la violation des droits humains que leur relation semble se résumer à cet antagonisme primaire — l’un serait la négation de l’autre. La guerre viole les droits et les droits ont la paix, donc l’absence de guerre, comme condition de possibilité. Puis l’on se souvient que, contrairement aux apparences, la guerre n’est pas (...) cet état de non-droit où tout est permis, mais un espace normé, codifié. Il est question des droits humains pendant la guerre — pour dénoncer leur violation, certes, mais la violation des règles n’est pas la preuve de leur absence — mais aussi avant la guerre, puisque certains conflits sont justifiés par la protection des droits des populations locales, ou en vertu d’un « droit de l’humanité » qui serait un intérêt à agir. Les relations entre droits humains et conflits armés sont résumées dans cet article en quatre parties : d’un point de vue historique, d’abord, où l’on montre leur réciprocité. En reprenant la trilogie de l’éthique de la guerre ensuite : la guerre au nom des droits humains, les droits humains dans la guerre et, en guise de conclusion, les droits humains après la guerre. | : At first glance these two terms may seem contradictory. War is the most extreme context of human rights violations, suggesting that they have a fundamentally antagonistic relationship and that one is the negation of the other. War violates rights, while rights require peace and hence the absence of war. Despite this appearance, however, war is not a state of lawlessness where all is permitted, but rather a regulated, codified space. There is a question of human rights in war and we obviously denounce their violation, but the violation of rules is not proof of their absence. There is another question of human rights before war, since certain conflicts are justified by the protection of the local population’s rights, or the “rights of humanity” as a cause for action. This article summarises the relations between human rights and armed conflicts in four sections : firstly from a historical perspective, focusing on their reciprocity. The next sections follow the trinity of the ethics of war : war in the name of human rights, human rights in war and, to conclude, post-war human rights. (shrink)
What are the philosophical arguments justifying limited strikes? This essay, as part of the roundtable “The Ethics of Limited Strikes,” adopts a French perspective both because France is, along with the United States and the United Kingdom, one of the states that launched such limited strikes in recent years, and because it developed a limited warfare ethos. There is something specific about such an ethos that makes it particularly receptive to thejus ad vimframework and, therefore, to the issue of limited (...) strikes. This essay also builds on the case of the use (or threat) of limited force in Syria as a response to the country's use of chemical weapons between 2013 and 2018. Presented as a way to “punish” the Syrian regime as much as to “deter” it from using chemical weapons again, these limited strikes are a good illustration of the traditional retributive/preventive dichotomy of penal philosophy. I argue that the moral justification of those strikes should be guided by a consequentialist ethic, preventive rather than retributive. From a consequentialist perspective, limited strikes are justified when they “work”—that is, when they have a deterrent/compellent effect. For that to happen, they need to be credible and imply the potential of an escalation; the challenge being to keep the escalation under control. Carrying the risk of inefficacy at one end of the spectrum and of escalation at the other, limited strikes are indeed a matter of balance. (shrink)
Toujours, dans toute proposition affirmative veritable, necessaire ou contingente, universelle ou singuliere, la notion du predicat est comprise en quelque facon dans celle du sujet, praedicatum inest subjecto, ou bien je ne sais ce que c'est que la vetite. Parce qu'elles mettaient principalement l'accent sur les liaisons conceptuelles, les precisions de ce genre ont ete interpretees comme autant d'indices permettant de reconstituer le contenu du predicat de verite a partir de presupposes coherentistes. Dans le concensus qui s'est etabli sur ce (...) point, le role hermeneutique tres excessif accorde a la notion de systeme a eu une portee aussi considerable que le contenu des quelques textes generalement allegues. Si on admet, au contraire, qu'il y a bien une doctrine leibnizienne de la verite, alors on est amene a inscrire la position de Leibniz dans le contexte du debat relatif a l'adaequatio rei et a souligner davantage ce qui l'apparente a une theorie de la verite-correspondance. Cet argument principal est soutenu par des analyses de detail dans la logique. Un attention particuliere est apportee aux valeurs des variables du nouveau calcul, a la fonction du predicat de possibilite, au probleme relatif a la constantia subjecti et au statut des entites intensionnelles. L'image de l'ontologie leibnizienne s'en trouve modifiee et precisee: a la fois possibiliste et factualiste, elle est traversee de tensions importantes et occupe une place tout a fait singuliere dans cette partie de la philosophie qui connait aujourd'hui un si profond renouveau. (shrink)
Leibniz a tenté de donner une formulation logique de l'ordre, en cherchant à spécifier de la manière la plus générale possible, le sens des termes « antérieur » , « postérieur » et « conjoint ». L'analyse de ces termes tient en trois points. 1) Deux êtres étant donnés, est antérieur par nature (natura prius) celui qui est plus simple, c'est-à-dire celui dont l'analyse requiert un plus petit nombre d'opérations de l'esprit. Par suite, les êtres qui sont conjoints (simul) doivent (...) nécessairement se caractériser par le même degré de composition. 2) Le degré de composition d'un être correspond à son degré de perfection. Si les êtres antérieurs sont plus simples, les êtres postérieurs sont donc plus parfaits. 3) Enfin, deux êtres étant donnés, tels que l'un est plus simple et l'autre plus parfait, on dira que ces êtres diffèrent par le temps si en outre ils se contredisent et, réciproquement, que deux êtres compossibles se contredisent si et seulement s'ils ne sont pas tempore simul, ou s'ils n'appartiennent pas au même « état de l'univers ». Une telle analyse a le mérite de donner un exemple précis et relativement développé de ce que peut être le traitement leibnizien d'une relation particulière. Cette relation reçoit dans la mathesis, quand il s'agit de caractériser l'ordre axiomatique des notions incomplètes, une interprétation satisfaisante, à laquelle Leibniz n'a, semble-t-il, jamais renoncé. Mais l'interprétation métaphysique des termes prius, posterius et simul, qu'on trouve esquissée dans certains fragments des années 1680, soulève des problèmes insurmontables. It is well known that Leibniz's logic is grounded in the inherence of the predicate in the subject and in the compossibility of notions. It naturally stresses, therefore, relations of equivalence, rather than of order. Nevertheless, Leibniz provided a logical analysis of order, i.e. an account of the meaning of "prior", "subsequent", "concomitant". His account comprises three points: 1) Given two beings, the one that is more simple (i.e. the one whose analysis requires less operations of the mind) is prior by nature (natura prius). Hence, concomitant (simul) being. 2) The degree of composition of being corresponds to its degree of perfection. Hence, prior beings being simpler, subsequent beings are more perfect. 3) Given two beings such that one is simpler and the other more perfect, they differ temporally if they also contradict each other; conversely, two compossible beings contradict each other if, and only if, they are not simultaneous (i.e. if they do not belong to the same "state of the universe"). It will be shown that this relation makes it possible to characterize the axiomatic order of incomplete notions (in the field of the mathesis universalis). But the attempt to explain the terms prius, posterius and simul in a metaphysical manner, i.e. by laying the stress on the order among substances, raises grave philosophical problems. (shrink)
Si le nom d’Albert Camus continue de s’imposer, aujourd’hui, comme une figure incontournable de la littérature et de la pensée françaises du XXe siècle, il n’en est pas moins demeuré une personnalité cosmopolite, sensible à ce que la culture ne s’accomplit véritablement qu’en l’absence de sectarisme, qu’en présence de l’autre — avec ou envers lui, peu importe. C’est aussi tout le sens de la collection « Exotopies » de l’Association portugaise des études françaises (A.P.E.F.) qu’inaugure ce volume : présenter des (...) travaux sur la langue et la culture françaises, mais d’un point de vue singulier, celui d’un autre pays. En lisant ce bouquet assez restreint, mais en même temps assez diversifié de travaux sur l’oeuvre d’Albert Camus, on relèvera donc qu’il ne s’agissait ni d’un hommage, ni d’une commémoration, si contraires au vif esprit de la littérature, mais de s’aviser de l’exceptionnelle variété et actualité de son oeuvre. En ce sens, il n’est de meilleure figure pour débuter cette collection à visée cosmopolite que celle d’Albert Camus, chez qui le geste d’écriture est totalement inscrit dans une vocation humaniste. Celle-ci ne s’entend pas dans un sens moraliste, mais dans un sens existentiel — sinon existentialiste —, qui veut que chacun se définisse par le souci qu’il a de l’autre, et que l’humanité s’apparaisse comme le perpetuum mobile de l’histoire, en même temps que son point fixe, son sens dernier. (shrink)
Cet article tente d’établir un diagnostic épistémologique du phénomène contemporain de développement des théories complotistes. Il part de la critique de deux approches du phénomène. L’approche « hyper-critique » consiste à dire que le développement du complotisme manifeste un manque « d’esprit critique », et prescrit donc comme thérapie d’enseigner aux élèves à ne rien croire sans l’avoir vérifié soi-même. Je réponds que cette stratégie « individualiste épistémique » est inefficace voire contre-productive, car une étude des discours conspirationnistes révèle que (...) le conspirationnisme se nourrit précisément d’une rhétorique individualiste. La seconde approche que je rejette consiste à nier l’existence de tout phénomène problématique de « théories du complot ». Cette approche s’appuie essentiellement sur la difficulté qu’il y a à définir précisément ce qu’est l’état d’esprit conspirationniste. Je réponds en définissant le conspirationnisme comme une exacerbation de l’individualisme épistémique, c’est-à-dire l’incapacité à distinguer les sources testimoniales fiables des sources testimoniales non fiables. (shrink)
RésuméL'article porte sur la science divine des singuliers dans le Tahāfut al-tahāfut et la Ḍamīma d'Averroès. Il examine comment le concept de relation, généralement négligé, intervient au coeur de la dispute entre Avicenne, al-Ġazālī et le Cordouan. Aux yeux d'al-Ġazālī, Avicenne tire sa conception fautive d'une connaissance divine « par mode universel » d'un mauvais usage de la relation dans le cas de la science de Dieu. Si le singulier change et que Dieu, lui, ne change pas, l'idée serait d'envisager (...) sa connaissance du singulier, en tant qu'il change, comme une relation pure, sans conséquence ontologique. Averroès conteste à la fois la critique d'al-Ġazālī et sa proposition, même si, d'un autre point de vue, il recourt lui aussi à la relation pure dans son commentaire de la Physique. (shrink)
Cet article tente d’établir un diagnostic épistémologique du phénomène contemporain de développement des théories complotistes. Il part de la critique de deux approches du phénomène. L’approche « hyper-critique » consiste à dire que le développement du complotisme manifeste un manque « d’esprit critique », et prescrit donc comme thérapie d’enseigner aux élèves à ne rien croire sans l’avoir vérifié soi-même. Je réponds que cette stratégie « individualiste épistémique » est inefficace voire contre-productive, car une étude des discours conspirationnistes révèle que (...) le conspirationnisme se nourrit précisément d’une rhétorique individualiste. La seconde approche que je rejette consiste à nier l’existence de tout phénomène problématique de « théories du complot ». Cette approche s’appuie essentiellement sur la difficulté qu’il y a à définir précisément ce qu’est l’état d’esprit conspirationniste. Je réponds en définissant le conspirationnisme comme une exacerbation de l’individualisme épistémique, c’est-à-dire l’incapacité à distinguer les sources testimoniales fiables des sources testimoniales non fiables. (shrink)
Dans cet article, je discute l’épistémologie de Pascal Engel, en particulier sa stratégie de réponse aux arguments sceptiques dans Va Savoir!. Après avoir présenté de manière synthétique les grands axes de cette stratégie, je reviens avec plus d’attention sur deux éléments de cette stratégie avec lesquels je suis en désaccord : le rejet par Engel de tout principe de réflexivité épistémique, et le rejet par Engel d’une défense « forte » du sens commun. Je défends qu’un certain principe de réflexivité (...) ne peut pas être raisonnablement rejeté ; puis je montre que l’épistémologie d’Engel ne permet pas d’apporter une réponse satisfaisante au défi sceptique que pose le principe de Méta-Cohérence. Enfin, je soutiens que la seule manière de répondre de manière satisfaisante à ce défi est de recourir à une défense « forte » du sens commun, c’est-à-dire à une stratégie dans laquelle les propositions de sens commun sont justifiées parce qu’elles sont de sens commun. (shrink)
Le καθῆκον stoïcien est tout à la fois une « action convenable » et un « devoir » sans être tout à fait ni l’un ni l’autre. Sa définition comprend deux volets, la « conséquence dans la vie » et la « justification raisonnable » (eulogos apologismos). Le premier aspect de la définition correspond au fait que le kathekon se comprend comme ce qui convient aux êtres humains mais aussi aux animaux et aux plantes : c’est ce qui est conforme (...) à leur nature ou ce qu’il leur convient de faire en conformité avec leur nature. La seconde partie de la définition est commune à la définition stoïcienne du kathekon et à la définition par l’académicien Arcésilas de ce qu’est une action correcte (katorthoma). Chez Arcésilas, le « raisonnable » désigne le critère d’action dont celui qui pratique la suspension du jugement a besoin pour agir, une fois qu’il se passe de la « compréhension » stoïcienne comme critère de la vérité. Chez les stoïciens, la « justification raisonnable » sert à caractériser la détermination objective du devoir, qui peut recevoir une telle justification après coup, même si l’action n’a pas été motivée par une disposition vertueuse, contrairement à l’action parfaite (le katorthoma des stoïciens). Mais en reconnaissant que certaines des actions qui conviennent à un individu donné ne conviennent pas à tous les individus, les stoïciens ont accepté au sein de leur conception de la « justification raisonnable », sans toutefois la généraliser à tous les devoirs, la dimension d’incertitude de l’action humaine inhérente à la conception académicienne. (shrink)
Le terme « perception » apparaît pour la première fois dans son sens philosophique dans les Académiques de Cicéron, où il traduit le terme technique stoïcien κατάληψις, traduit également par compréhension. La perception n’est pas une « perception sensible » au sens moderne du terme, car elle ne se définit pas comme une impression produite en nous par les choses extérieures, mais comme l’assentiment donné à la phantasia dite compréhensive ou perceptive, c’est‑à‑dire celle qui est conforme à son objet, claire (...) et distincte. Il s’agit pour les stoïciens de l’un des critères de la vérité. Pour contester l’existence de la perception et son rôle-clé dans l’épistémologie stoïcienne, les académiciens ont adopté une stratégie en deux temps : affirmer que l’assentiment porte sur des propositions et non sur des représentations, et contester l’existence d’une représentation perceptive, discernable des représentations fausses. Les stoïciens ont répondu sur ces deux points et ont reconstruit la notion de perception inventée initialement par Zénon dans le cadre de cette polémique, qui a forgé la notion classique de la perception. Le continuisme perceptif des stoïciens et leur conception cinématographique de la perception sensible sont les clés de leur conception de la perception. (shrink)
Pierre Aubenque est mort le 23 février 2020, à l’âge de 90 ans. Né en juillet 1929 à l’Isle-Jourdain dans le Gers, il était un spécialiste internationalement reconnu d’Aristote, professeur de philosophie antique à l’université Paris-Sorbonne de 1970 à 1991, où il a dirigé le centre Léon Robin de 1973 à 1990, ainsi que l’UFR de Philosophie. Surtout connu pour ses monographies sur Aristote, Le Problème de l’être chez Aristote (PUF, 1962), et La Prudence chez Aristote (PUF, 1963), il a (...) aussi co-... (shrink)
The article analyses the idea that according to the averroist Jean de Jandun, Master of Arts in Paris at the beginning of the 14th century, human beings are composed of a «double form» the separated intellect on the one hand, the cogitative soul on the other hand. After recalling several major accounts of the time, we explore Jean's reading of Averroes' major conceptions concerning the problem. Finally, we challenge the idea according to which we observe in his writings (...) the radical thesis of a sometimes cogitating sometimes thinking «double human being» that makes of the homo intelligens a punctual and exclusive new being, which is accidentally produced while the thinking takes place. (shrink)
It has long been known that Jean-Baptiste Du Bos exercised a considerable influence on Hume’s essays and, in particular, on the ‘Of the Standard of Taste’ and ‘Of Tragedy’. It has also been noted that some passages in the Treatise bear marks of Du Bos’ influence. In this essay, we identify many more passages in the Treatise that bear unmistakable signs of Du Bos’ influence. We demonstrate that Du Bos certainly had a significant impact on Hume as he (...) wrote the Treatise. We go on to argue that Hume’s views on morality are an extension to the moral realm of Du Bos’ views on beauty and criticism. Du Bos may also have influenced Hume’s distinction between ideas and impressions. (shrink)
Jean-Baptiste Lamarck was a prolific writer, a multifaceted naturalist, and a zoologist by second profession. Throughout his adult life he lived up to his passion of politely contributing to the advancement of natural philosophy by publishing more than 30,000 pages, probably too much for even the most scrupulous historians of science who seek to reconstruct his theories and to shed some light on the role he played in late eighteenth-century and early nineteenth-century biology.
To remain financially viable and continue to accomplish their social missions, nonprofits are increasingly adopting a hybrid organizational form that combines commercial and social welfare logics. While studies recognize that individual organizations vary in how they incorporate and manage hybridity, variation at the level of the organizational form remains poorly understood. Existing studies tend to treat forms as either hybrid or not, limiting our understanding of the different ways a hybrid form may combine multiple logics and how such combinations evolve (...) over time. Analyzing 14 years of data from Canadian nonprofits seeking funding for social enterprise activities, we identify two novel dimensions along which a hybrid form may vary—the locus of integration and the scope of logics. We further find that as the commercial logic became more widespread within the nonprofit sector, variants of the hybrid form shifted from primarily emphasizing the commercial logic to more equally emphasizing both the commercial and social welfare logics and integrating the two logics in multiple ways. Drawing on these findings, we contribute a multi-dimensional conception of hybrid forms and theorize how form-level variation in hybridity can arise from organization-level cognitive challenges that actors face when combining seemingly incompatible logics. We then build on this theorizing to offer an alternative perspective on commercialization of the nonprofit sector as a contextually dependent rather than universal trend. (shrink)
When is a conclusion worth deriving? We claim that a conclusion is worth deriving to the extent that it is relevant in the sense of relevance theory (Sperber & Wilson, 1995). To support this hypothesis, we experiment with ''indeterminate relational problems'' where we ask participants what, if anything, follows from premises such as A is taller than B, A is taller than C . With such problems, the indeterminate response that nothing follows is common, and we explain why. We distinguish (...) several types of determinate conclusions and show that their rate is a function of their relevance. We argue that by appropriately changing the formulation of the premises, the relevance of determinate conclusions can be increased, and the rate of indeterminate responses thereby reduced. We contrast these relevance-based predictions with predictions based on linguistic congruence. (shrink)
Last paragraphe: Finally, we need to take on board the strange and disturbing fact that the modern destruction of environments has occurred not as if nature counted for nothing but, on the contrary, has occurred in a world of longstanding climatic theories that have earmarked environmental objects as the very things that produce humankind. Modern man, oblivious of the impact of his actions and blinded by his faith in progress and polarized vision of the world? Our postmodernity also has its (...) own mythologies. (shrink)
Nous avons fait nos premiers pas, lu nos premiers livres, écrit nos premiers mots; de la même manière, nous lisons nos premiers mots philosophiques et nous les prononçons. Il en est de la philosophie comme de toute discipline intellectuelle : elle a son langage, ses mots propres, ses tournures un peu spécifiques qui peuvent, par leurs définitions, introduire aux problèmes philosophiques les plus importants. Il peut être utile d'essayer d'entrer dans la définition des termes philosophiques les plus usuels afin de (...) comprendre les questions philosophiques véhiculées par eux. Les mots étant les signes de ce que connaît l'intelligence de la réalité, ils contiennent déjà en eux toute une conception philosophique qui présente à l'esprit les divers degrés du réel. Dans le nouveau programme de Terminale du 27 mai 2003, il est demandé aux professeurs, sous la rubrique " repères ", d'initier les élèves aux questions philosophiques en proposant la signification des termes philosophiques les plus habituels, comme absolu/relatif, accidentel/ essentiel, en acte/en puissance, etc. Ce petit livre, Les premiers mots philosophiques, reprend l'ensemble des termes proposés dans ces " repères ", montrant comment, à partir des significations les plus simples" de ces termes philosophiques, l'intelligence peut s'ouvrir à la connaissance philosophique du réel, dans toute sa diversité et sa complexité. D'une certaine manière, il peut représenter comme une introduction à la philosophie, clarifiant les différents sens des mots philosophiques pour permettre, par eux, une première connaissance du réel. L'auteur, par son expérience pédagogique de trente années d'enseignement en classe Terminale, donne ainsi un " outil " pédagogique qui pourra être utile aux élèves comme aux professeurs, ainsi qu'à tous ceux qui désirent s'initier à la philosophie. L'auteur, Jean-Baptiste Echivard, est professeur de philosophie à l'Externat Sainte Marie de Lyon et à l'IPC - Facultés libres de philosophie et de psychologie. (shrink)
This paper examines the history of animal behavior studies after the synthesis period. Three episodes are considered: the adoption of the theory of natural selection, the mathematization of ideas, and the spread of molecular methods in behavior studies. In these three episodes, students of behavior adopted practices and standards developed in population ecology and population genetics. While they borrowed tools and methods from these fields, they made distinct uses that set them relatively apart and led them to contribute, in their (...) own way, to evolutionary theory. These episodes also highlight some limitations of “conjunction narratives” centered on the relation between a discipline and the modern synthesis. A trend in conjunction narratives is to interpret any development related to evolution in a discipline as an “extension,” an “integration,” or as a “delayed” synthesis. I here suggest that this can lead to underestimate discontinuities in the history of evolutionary biology. (shrink)
Jean-Baptiste Say is largely forgotten in modern economics; if he is remembered and studied, it is for Say’s Law, which was misinterpreted by John Maynard Keynes, and ended up providing the basis for the General Theory. In this chapter, we review Say’s Law and a more correct interpretation. We then use this to highlight the contributions of Say to modern macroeconomics, the microfoundations of macroeconomics, and entrepreneurship theory. Say was an influential French thinker – modern classical liberalism owes (...) much to him, and would be enriched by a rediscovery of his writings. (shrink)
Cette etude sur l'oeuvre philosophiques d'Eric Weil examine la question de la nature et de la tache de la philosophie a partir de la problematique du rapport entre la violence et la sagesse. L'auteur entreprend d'approfondir le sens de la sagesse weilienne en en revelant l'heritage religieux, ce qui permet d'instaurer un dialogue critique et fecond entre la religion et la philosophie, a la recherche d'une categorie qui se revele comme celle de l'amour et qui est present dans le discours (...) weilien tout en le debordant. (shrink)