L’art pictural religieux non figuratif est difficile à interpréter, et encore plus à théoriser. Plusieurs au xxe siècle ont tenté de le faire selon différentes perspectives. On a élaboré des solutions crypto-réaliste, puis expressionniste et, plus récemment, minimaliste. Tous ces points de vue semblent insuffisants pour rendre compte de la dimension religieuse dans l’art non figuratif. On pourrait enfin envisager une quatrième solution, rhétorique cette fois, qui jetterait un éclairage nouveau sur ce genre d’oeuvre tout en proposant quelques clés d’interprétation (...) aux amateurs d’art ainsi qu’aux artistes qui s’y intéressent. Non figurative pictorial art is difficult to interpret and even more difficult to theorize upon. Several attempts to do so were undertaken throughout the 20th century. Crypto-realist, expressionist and minimalist explanations have been proffered. None of these perspectives, however, sufficiently accounts for the religious dimension in non-figurative art. A rhetorical approach may provide a solution which will shed light on this particular form of artistic expression at the same time that it suggests a number of hermeneutical keys that may prove useful to art-lovers and artists alike. (shrink)
Résumé Le présent article représente la première d’une série d’études sur la possibilité d’envisager la théologie pratique sous l’angle de l’apophatisme. La thèse à l’origine de cette entreprise repose sur l’affirmation que tout discours théologique devrait être en mesure de produire un effet sur nos contemporains. Dès lors, il faut entendre le langage comme un processus plutôt que comme un substrat. Ce point de vue est repris avec une certaine urgence depuis une cinquantaine d’années à la suite de ce qu’il (...) est convenu d’appeler le « Linguistic Turn ». Une mise en lumière des enjeux que soulève cette démonstration peut se faire en établissant un lien entre certains développements du second Wittgenstein et la compréhension de la voie négative telle qu’elle se présente chez les auteurs anciens.This article represents the first in a series of studies on the possibility of envisioning practical theology from the perspective of apophatism. The thesis behind this effort rests on the assertion that all theological discourse has to be able to affect those around us. As a result, it is necessary to understand language as a process rather than a substrate. This point of view has been taken up urgently for fifty years following what has come to be called the “Linguistic Turn”. A clarification of the stakes raised by this proof can be made by establishing a link between certain developments from Wittgenstein and the understanding of the via negativa as it is presented by ancient authors. (shrink)
Dans son programme destiné à mettre en lumière les grandes questions philosophiques, comme la place de la vérité ou la relation entre le langage et le monde, Donald Davidson en est arrivé à montrer qu’il fallait prendre au sérieux la croyance en la plaçant au fondement des rapports humains. Une théologie s’inspirant de ses avancées réintroduirait la foi chrétienne, une croyance parmi d’autres, au sein des discours contemporains les plus éclairés. Cette théologie serait construite sur des énoncés qui reposent davantage (...) sur les intentions, les désirs et les préoccupations humaines que sur une sémantique désincarnée et des vérités censément objectives. (shrink)
Cet article poursuit la discussion inaugurée par Pierre-Marie Beaude au sujet de la distinction entre singularité et intention en esthétique considérée sous son rapport à la théologie. S’il est acquis qu’un auteur littéraire met bel et bien en oeuvre une intention, celle-ci peut différer sensiblement d’une expression de la singularité. Pour ce faire, on doit d’abord mettre au jour ce qui est à la source des deux types d’épiphanie concernés, selon les expressions consacrées de Taylor. L’expression de la singularité se (...) fonde sur une épiphanie de l’être alors que l’intention repose sur une épiphanie de la forme. Par la suite, on peut envisager la notion d’intention du point de vue analytique en s’appuyant sur des critères linguistiques, l’intention devenant ainsi un état intentionnel et la proposition complétive qui s’y rattache, un objet intentionnel. Les attitudes propositionnelles, et en particulier l’attitude de croyance, jouent dans cette perspective un rôle premier. Cela permet de considérer le discours théologique comme un ensemble de phrases destinées à provoquer un transfert de croyance. This article follows the discussion begun by Pierre-Marie Beaude on the distinction between singularity and intention in aesthetics, considered in its relation to theology. If it is admitted that an author really has an intention, this may be perceivably different than a particular expression of singularity. Also, the concept of intention can be considered from an analytical perspective based on linguistic criteria, with intention becoming an intentional state and the substantival proposition an intentional object. Propositional attitudes, particularly the attitude of belief, play a primary role in this perspective. This allows for the consideration of theological discourse as a collection of sentences meant to incite to a transfer of belief. (shrink)