Mon objectif dans cette étude est de montrer l'influence que la philosophie positive d'AugusteComte a exercée sur la pensée du jeune Brentano durant la période de Würzburg (1866-1874). J'examine d'abord quelques-uns des facteurs qui ont amené Brentano à s'intéresser à la philosophie de Comte et je résume, dans un deuxième temps, les grandes lignes de l'article de Brentano sur Comte dont la version française est reproduite dans ce numéro. Dans la troisième partie de cette étude, (...) je commente brièvement quelques passages de la Psychologie d'un point de vue empirique où Brentano discute de thèmes comtiens. Je conclue cette étude par quelques remarques sur les traces laissées par le positivisme de Comte dans l'œuvre de Brentano. (shrink)
“Le biographe tourne autour d’une réalité à deux inconnues. Il y a l’homme et il y a l’image de l’homme dans l’homme. Je dois retrouver Auguste Comte tel qu’il s’est vu; il m’est interdit de renoncer à savoir s’il s’est vu tel qu’il fut. La vie de Comte romancée par Comte est un fragment de son histoire : c’est un fait que le biographe rencontre lorsqu’il regarde l’intérieur de son personnage; mais il simplifierait trop sa tâche s’il (...) n’essayait point de saisir d’autres faits, au delà de la vision qui les déforme.”. (shrink)
Alors qu'on associe souvent le positivisme comtien à l'industrialisme, l'étude ici menée montre que Comte a été pour le moins réticent vis-à-vis des sciences industrielles : il fuit avec constance le destin d'ingénieur auquel le vouait sa formation à Polytechnique, il développa une distinction entre « sciences théoriques » et « sciences d'application » qui le conduisit à ne jamais vraiment traiter des secondes, et, quand il participa en 1830 à la formation des ouvriers, ce fut pour leur enseigner (...) l'astronomie qui ne pouvait leur être d'aucun intérêt pratique. Mais cette attitude de Comte est finalement cohérente avec sa philosophie. Whereas Comtian positivism is often associated to industrialism, the hereby study aims at showing that Comte was to say the least quite réticent towards industrial sciences. He steadily avoids his own fate as an engineer to which is having been trained at the École polytechnique had compelled him to. He developed a distinction between theoretical sciences and application sciences which led him never truly to deal with the latter and when, in 1830, he contributed to the training of workers, it was with the intention to teach them astronomy which was of no practical interest. But, when ail is said, such an attitude of Comte's is cohérent with his philosophy. (shrink)