RÉSUMÉ Enraciné dans la philosophie politique au XVIIIe siècle français, le concept d’association occupe une place essentielle dans la philosophie de Saint-Simon. Chez cet auteur, l’association a pour objet la production, elle présuppose une organisation intégrée et constitue l’unité de la société. La société organique de Saint-Simon évolue selon un principe de complexification vers un grand but industriel commun. Fourier place aussi l’association comme condition de la coopération, mais elle en est le moteur. L’organisation de l’investissement psychologique dans l’association créerait (...) continuellement la société fouriériste. De Saint-Simon, Marx semble retenir l’idée d’association créant l’organisme productif; il emprunte à Fourier la production d’une société nouvelle collectivisant toutes les dimensions personnelles. Mais l’association devient chez Marx le fruit de la dialectique de l’histoire, dont le moment négatif rend l’organisme collectif à lui-même et lui confère une individualité nouvelle. L’association chez Marx s’impose comme une unité. Chacun participe nécessairement à cette réalité qui doit l’affranchir des limites de sa propre individualité. ABSTRACT Rooted in the french philosophy of the XVIIIth french century, the concept of association holds an essential place in the philosophy of Saint-Simon. In this author, association concerns production, it is generated by an integrated organization and forms unity in the society. In Saint-Simon, the organized society evolves according to a principle of complexification towards a great industrial aim. Fourier equally sets association before cooperation, considering it as a real driving force. According to Fourier, psychological commitment in association should make dynamic any cooperation. Marx possibly deducted from Saint-Simon the idea that association should create the collective organism. He borrowed from Fourier the production of a new society, getting collective the whole human person. But, association in Marx's thought becomes the result of the dialectic of history. A negative phase in this dialectic gives the collective organisme to itself back and confers on it a new individuality. In Marx, association is essential as a unity. Each one necessary takes part in this reality which will make him free from the limits of his own individuality. (shrink)
Le concept d'association chez Durkheim se rapporte d'abord à la société vue comme réalité autonome et individualisé. Le développement de l'association sociale est mesurable par la division du travail qui constitue la solidarité sociale. Le texte discute de la validité de ce regard sur la société comme unité de vie et du fondement biologique de cette unité. Les recherches des zoologistes du XIXe siècle sur l'unification progressive du vivant permettent à Durkheim de proposer une vision organique de l'État, centre et (...) synthèse de l'organisation. Ce fondement biologique reste cohérent avec les spécificités humaines des faits sociaux. Le point de départ de Max Weber est tout autre : c'est l'individu en tant que sujet libre d'activité et capable de coopération. Les diverses formes de coopération sont alors au fondement des structures sociales qu'analyse Weber à travers l'histoire. Les deux méthodes peuvent être comparées dans leur capacité à rendre compte de la réalité des structures associatives dans la société.In Durkheim's works, the concept of association firstly relates to society, considered as an autonomous reality. The development of this social association can be measured by the division of labour, which builds up social solidarity. This paper argues about this view of society as a unit of life and its biological foundations. Concerning the progressive unification in living beings, researches of french zoologists during the 19th century enable Durkheim to give a new organicist conception of state. However, this biological founding remains consistent with the human specificities of social facts. Max Weber's starting point is entirely different because he deals with individual as a free subject, able to cooperate. So, diverse ways to cooperate are the foundings of social structures analyzed by Weber. (shrink)
Our paper focuses on Stuart Kauffmanâs theory from 1993 to 2004. Kauffman is looking for an explanation of the genesis of living beings by genetic networks. From interactions to cell types, Kauffmanâs viewpoint is concerned with differentiation and self-organization as networkâs properties. His approach of morphogenetic processes is interesting but it is insufficient. According to Sole, Fernandez and Kauffman [2003], networks would give an explanation of the diversity in patterns and cell types. Some other authors [as Perkins et al., 2004] (...) consider that it is necessary to explore interactions, not with logical methods only, but non-linear systems too. Networkâs structure is related to biological diversity. It supposes genesâ powerâs mediators within the cells and between them. (shrink)
Le but de cet article est une analyse épistémologique des modèles du mutualisme. À partir de l’analyse Lotka-Volterra, nous chercherons les caractéristiques et les insuffisances épistémologiques de cette famille de modèles. Le travail mathématique de Vito Volterra était une réponse à une situation écologique, la rupture de l’équilibre d’espèces en compétition, considérées comme des espèces « associées ». À partir des équations décrivant les variations de ces populations en compétition, un simple changement de signe suffit pour obtenir les équations décrivant (...) les variations d’effectifs des populations mutualistes. En termes de modélisation, le mutualisme resta longtemps ignoré face au développement des modèles de compétition. Les modèles Lotka-Volterra appliqués au mutualisme aboutissent à un point d’équilibre lorsque les croissances relatives des deux populations sont les mêmes. Des modèles cherchent à distinguer les formes obligatoires et facultatives de mutualisme ; l’existence d’un point d’équilibre et le caractère dominant du mutualisme biologique (obligatoire ou facultatif) sont requis pour la validité de ces modèles. C est ce qui fait leur limite. Depuis la fin des années 1990, divers chercheurs ont mis au point des modèles plus réalistes en termes biologiques, c est-à-dire admettant un passage possible du parasitisme au mutualisme, dans un continuum et selon les densités des deux partenaires. D’un point de vue épistémologique, ces modèles demeurent relatifs au niveau populationnel, donc à l’étude des populations biologiques, ils demandent à être complétés par une analyse du même phénomène biologique au niveau individuel. (shrink)