" Faire d'Aristote un Aufklârer serait méconnaître ce qu'il y a en lui de religiosité authentique, cette intuition de la transcendance et du chorismos, qui sont la raison profonde de sa prudence spéculative. Faire d'Aristote un tragique serait méconnaître cette confiance en l'homme, en sa recherche et en son action, qui tranche sur les lamentations du chœur de la tragédie et sur une certaine résignation socratique et, avant la lettre, stoïcienne. Mais Aristote exalte l'homme sans le diviniser ; il en (...) fait le centre de son éthique, mais il sait que l'éthique n'est pas ce qu'il y a de plus haut, que Dieu est au-delà des catégories éthiques, ou plutôt que l'éthique se constitue dans la distance qui sépare l'homme de Dieu. Livré à ses seules forces par un Dieu trop lointain, qui est suffisamment visible pour être désiré, mais se tient trop à distance pour être possédé, l'homme est en butte, dans la région du monde qu'il habite, à un hasard qu'il ne peut entièrement dominer. Ou plutôt la vie de l'homme se meut entre deux hasards : le Hasard fondamental de la naissance, qui fait que la bonne nature n'est pas également partagée ; le hasard résiduel de l'action, qui fait que les résultats ne sont jamais tout à fait prévisibles. Mais le hasard de la naissance est le hasard résiduel de l'action divine, et la grandeur de l'homme consiste, en prolongeant par la prudence l'action d'une Providence défaillante, à reculer le plus possible les limites de l'imprévisible et de l'inhumain. " Pierre Aubenque. (shrink)
« La métaphysique d’Aristote n’est, au sens aristotélicien, dialectique et par là incapable de tout achèvement déductif, que parce qu’elle est une métaphysique du mouvement, c’est-à-dire de la scission. » Le propos de l’auteur est simple : sans vouloir rajouter et apporter du nouveau sur Aristote, il tente au contraire de désapprendre tout ce que la tradition a ajouté à l’aristotélisme primitif. Car l’aristotélisme que nous connaissons est surtout celui des commentateurs grecs. L’image ainsi révélée est celle d’un Aristote aporétique, (...) mais « cette voix qui parle est celle plus fraternelle qui continue de chercher en nous ce qu’est l’être et de se taire parfois ». (shrink)
Depuis Aristote, on entend par catégories des concepts très généraux, dont la généralité ne dérive pas de l’expérience, mais en quelque sorte la précède, puisque c’est eux et eux seuls qui nous permettent de l’organiser et de la penser. Ces concepts – substance, quantité, relation, qualité, lieu, temps, action, passion, situation, avoir – sont-ils des structures universelles de toute pensée ou bien sont-ils liés aux particularités sémantiques ou syntaxiques d’un système linguistique particulier, en l’occurrence de la langue grecque, à l’intérieur (...) de laquelle ils ont été pour la première fois énoncés et rassemblés?Les études ici réunies, issues d’un séminaire qui s’est poursuivi durant plusieurs années au Centre de recherche sur la Pensée antique de l’Université de Paris-Sorbonne, associé au C.N.R.S. , s’efforcent d’apporter des éléments de réponse à cette grande question, qui demeure au centre des discussions contemporaines sur les rapports de la philosophie et du langage. Leur apport spécifique consiste dans une exégèse rigoureuse des analyses du traité aristotélicien des Catégories, éclairé par les développements ultérieurs de la doctrine, tels que nous les connaissons notamment à travers le Commentaire du Néoplatonicien Simplicius. Certaines de ces études examinent l’influence ou les transformations des catégories aristotéliciennes chez les Stoïciens, les grammairiens grecs de la fin de l’Antiquité, les Néoplatoniciens tardifs, les Pères de l’Église et dans la tradition latine antique et médiévale. (shrink)
Les etudes ici rassemblees sont consacrees pour l'essentiel a l'aristotelisme. L'aristotelisme, c'est d'abord Aristote. Une bonne moitie de ces etudes est consacree a l'exegese de textes d'Aristote souvent envisages dans leur litteralite. On y trouve non un systeme, mais un essai de totalisation in statu nascendi; non pas un essai de solution de problemes qui se poseraient dans on ne sait quel ciel intelligible, mais une recherche, une interrogation suscitee par l'experience d'un homme vivant parmi d'autres hommes au IVe siecle (...) av. J.-C. et qui avait assimile tout le savoir de son temps. La formulation de ces problemes est parfois historiquement datee, mais a travers elle et ses particularites se dessine une argumentation sur le sens de l'etre et de la vie humaine, qui a une portee universelle et demeure des lors toujours actuelle. L'image qui se dessine de cette lecture est celle d'un Aristote aporetique, dialectique et ouvert, tres different du philosophe dogmatique que nous a legue sous son nom la tradition. Mais cette tradition existe. Elle est aussi a sa facon l'aristotelisme. C'est pourquoi une autre moitie de ces etudes est consacree a ce que la tradition a retenu de ses lectures et relectures successives et a codifie dans un corpus constitue pour l'essentiel a la fin de l'Antiquite et au Moyen Age. (shrink)
En este trabajo se intenta explicar aquello que Heidegger dijo de Suárez en Ser y Tiempo, es decir, se intenta explicar qué papel juega Suárez en la Historia de la Metafísica, particularmente en cómo lo que en origen era un problema pasa a tornarse en una disciplina: la Ontología; y cómo también las consecuencias, que se derivan de la posición de Suárez y especificamente su forma de entender el conceptus entis, marcan el futuro de la Metafísica moderna.
Se recupera aquí para la discusión ética contemporánea la perspectiva universalista del logos presente en la Ética a Nicómaco de Aristóteles. En oposición a unas versiones comunitaristas de la ética aristotélica que dan lugar a posiciones particularistas o relativistas, el logos se liga a la naturaleza humana, y universal, del hombre.
En este trabajo, presentado por primera vez en 1959 en forma de conferencia, el autor expone las líneas fundamentales del argumento que, poco después, desarrollará extensamente en El problema del ser en Aristóteles. Ya aquí encontramos afirmado que la investigación de Aristóteles conocida con el título de Metafísica se escinde en dos cuestiones igualmente originarias y que nunca llegan a converger, a saber, la cuestión del comienzo y la cuestión de la unidad. La permanente simultaneidad de ambas preguntas constituye lo (...) que es preciso reconocer como problemática aristotélica, y ello frente a la pretensión de los comentaristas sistematizantes, pero también de quienes intentan resolver la aludida escisión apelando a una supuesta evolución del pensamiento de Aristóteles. (shrink)
Ce discours va partir des livres VI and VII de la République de Platon pour montrer en quoi il gouverne encore notre projet d’éducation philosophique de l’humanité, mais aussi en quoi il n’est pas seul représentatif de la conception grecque antique, à l’intérieur de laquelle sont nés plusiers modèles concurrents, générateurs d’une alternative peut-être encore instructive pour la discussion actuelle.
" Les critiques de la métaphysique ne s'attachent plus aujourd'hui à la réfuter, car cela supposerait ce qui est justement en question, à savoir que ses propositions soient falsifiables. De Nietzsche à Derrida en passant par Heidegger, on s'attache plutôt à la "dépasser" ou à la "déconstruire", c'est-à-dire à la déborder ou à mettre à nu sa structure, tout en laissant subsister dans sa massivité incontournable l'événement qu'elle représente... On voudrait, dans ces quelques leçons prononcées dans le cadre de la (...) Chaire Étienne Gilson, s'interroger sur les raisons d'une telle attitude, qui n'est qu'apparemment iconoclaste, et montrer que ces raisons sont aussi anciennes que la métaphysique elle-même, donc co-essentielles à son projet. Cela ne signifie pas que la métaphysique résiste, pour les avoir anticipées, à toutes les tentatives de déconstruction, mais que le moment herméneutico-critique de la déconstruction est inhérent à sa fonction proprement métaphysique de dépassement. ". (shrink)
Un dialogue est un logos qui va d'un interlocuteur a un autre. Cet echange d'idees, s'il veut etre fructueux, s'appuie sur un principe tres simple: comme le dialogue n'est pas un monologue, on dialogue avec quelqu'un; et on dialogue sur quelque chose. C'est le cas des travaux qui composent ce volume. L'interlocuteur privilegie est Pierre Aubenque. Ses travaux, son activite en tant qu'enseignant, ses prises de position sur des sujets tres divers ont suscite, de la part de ses disciples, collegues (...) et amis, une veritable envie de dialoguer avec lui, un desir de suivre son exemple. Les auteurs de ces reflexions ont ainsi voulu demontrer que le dialogue instaure pendant plus de vingt ans par le Directeur du centre Leon Robin, reste toujours ouvert. (shrink)
La philosophie, science de ce qui est, peut-elle aussi prescrire ce qui doit être? Aristote a cherché inlassablement la réponse à cette question. Elle est à trouver à l’intersection de la théorie et de la pratique, qui, chez Aristote, présuppose une autonomie relative de l’une et de l’autre.Dans la deuxième partie de ces Problèmes aristotéliciens, la discussion se concentre sur la notion de communauté. L’homme est un animal communautaire , mais est-il communautaire parce qu’il communique, auquel cas le logos communicationnel (...) serait le fondement des sociétés humaines, ou bien l’homme communique-t-il parce qu’il est d’abord communautaire par nature, ce qui impliquerait un enracinement dans une tradition, la référence à une communauté de valeurs? On essaie de démêler ici les arguments en faveur de l’une et l’autre thèses, qui peuvent servir encore aujourd’hui dans la discussion contemporaine. (shrink)
The article is an instructive exposition of the central problem of scholastic metaphysics, namely: the problem of analogia entis. The author sees the origin of this idea in a historical development, which began with late neoplatonism, continued with Arabic philosophy and ended with medieval authors, especially S. Thomas Aquinas.
Cet ouvrage reproduit les actes du VIe Symposium aristotelicum de 1978 qui fut exclusivement consacre a la Metaphysique d'Aristote. Delaissant volontairement les problematiques generales, les etudes rassemblees ici se consacrent a l'examen des passages les plus aporetiques de l'ouvrage, et aux questions fondamentales qui s'y nouent, subordonnant ainsi les controverses sur l'unite du traite a la saisie du sens de ses analyses les plus profondes. C'est dans cette perspective que les differents livres de la Metaphysique sont interroges, et que les (...) concepts de forme, de matiere, de simple, de substance, d'activite, sont mis en rapport pour tenter de determiner la nature et l'objet de cette science de l'etant en tant qu'etant au moment de sa fondation. Ces etudes font egalement place a une recherche qui met en rapport la problematique et la methode de la Metaphysique avec celles du Sophiste de Platon en amont, et en aval avec la pensee de Plotin, pour saisir la pensee d'Aristote dans la double perspective d'un heritage et d'une filiation. Presentant en outre a la suite de chaque contribution un resume de la discussion a laquelle elle donna lieu, le present recueil rappelle quelles taches un ouvrage aussi eminemment aporetique que la Metaphysique assigne a la pensee chaque fois qu'elle en reprend le cheminement et cherche a en saisir le sens. (shrink)
Contient un panorama de tout ce qui a pu être dit ou pensé en Occident sur Dieu, le monde et l'homme. Expose la thèse selon laquelle l'histoire de la philosophie fut marquée par une métaphysique non aristotélicienne à travers certains Pères de l'Eglise et par le biais du courant mystique rhénan (Maître Eckart, Suso, Tauler et Nicolas de Cuse).