Journal of the History of Philosophy

484 JOURNAL OF THE HISTORY OF PHILOSOPHY 26:3 JULY 1988 Jean-Luc Marion, Sur le prisme m~taphysique de Descartes. Constitution et limites de l'ontoth ~o-logie darts la pens~e cart~sienne. Paris: Presses Universitaires de France, a986. pp.viii + 387 . Paper, FF 28o. Ce remarquable travail qui prolonge et couronne les ~tudes ant~rieurement consacr~es ~t 'Tontologie grise" des Regulae, puis ~ "la th~ologie hlanche" exprim6e notamment, avant les Meditationes de 164 l, par la th~se de la cr~adon des v~rit~s ~ternelles (produites par Dieu et non consubstantielles ~ son etre), se propose d'examiner, dans un esprit de libre fid~lit~ ~ l'~gard des positions heideggeriennes, l"onto-th~o-logie" de Descartes, Cest-A-dire la sp6cificit~ de la m~taphysique propre ADescartes. L'image du prisme, qui vient de l'optique des M~t~ores, illustre la r~solution de cette m6taphysique nouvelle en un certain nombre de novations radicales. L'auteur commence par ~valuer la distance qui s6pare la m~taphysique cart~sienne de la tradition. Descartes utilise peu le terme meme de n~taphysique, lui pr~f~rant celui de philosophie premiere (philosophia prima), et lorsqu'il l'emploie, ce n'est pas ~ la mani~re de la tradition; il convient de "reconstituer, ~ partir de saint Thomas, Pererius, Fonseca et Suarez, mais aussi Goclenius, Eustache de Saint-Paul, Scipion Dupleix ou Abra de Raconis, le chemin de pens~e qui, de r~visions en d6placements, conduisit Descartes un concept de la m~taphysique radicalement nouveau" (14). Suivent de magistrales confrontations, minutieuses et admirablement document~es, d'of~ il ressort, au coeur meme de la m~taphysique, une preeminence nouvelle de la philosophie premiere, entendue d~sormais dans "sa fonction originelle de science des principes" (42), comme universelle et non pas "restreinte ~tla r~gion divine de l'~tant" (5o). Finalement, malgr~ quelques apparences de rencontre, l'originalit~ de Descartes 6clate en ceci qu'il est le seul ~ definir "la scientia universalis par le crit~re de rordre de la connaissance" (53), resultat qui n'~tonne pas, mais qui est cette fois ~tabli et non plus pos~ simplement par pr~t~rition. L'auteur met fortement en lumi~re la situation exceptionnelle de Descartes ; contre un courant "majoritaire avant et apr~s lui" (58), chez Descartes "la m~taphysique se constitue comme une universelle protologie de la raise en ~vidence" (59). La question se pose alors de savoir si une m~taphysique est possible sur ces bases tout ~ fait boulevers~es. On peut avoir l'impression d'un "n~ant d'ontologie" (73, 88) et il se manifeste "un silence ontologique massif sur la mani~re d'etre du sum" (79); "r~tant doit se concevoir, et pour y parvenir, doit se r~duire ~ rexistence, unique acception de l'etre de l'~tant" (87) dont la question est pour ainsi dire submerg~e par l'~vidence de la r~ponse. Pourtant, l'ontologia (Clauberg, Wolff) est fille du cart~sianisme et d' autre part, la dualit6 du concept de principe, la priorit6 de la cogitatio et rintroduction de la causa sui semblent indiquer un certain pressentiment chez Descartes d'une "tension entre deux fondations, onto-logique et th~o-logique" (94). II y a donc lieu de v~rifier si la pens~e cartesienne satisfait ~ l'onto-th~o-logie et quelle figure elle en donne. L'auteur discerne deux constitutions et non pas une seule, selon la cogitatio et la seconde, selon la causa, op~re un redoublement de la premiere (et non pas "un d~doublement incoherent ou conflictuel", 13o). L'ens ut co~itatum est redoubl6 par Fens ut causatum, la cogitatio sui par la causa sui, l'esse comme cogitare par l'esse comme causare. Peut-on d6passer cette "irr(~ductible dualitC', ainsi que l'ont tent6 BOOK REVlZWS 485 les successeurs ? "La grandeur m&aphysique de Descartes tient sans doute ~tles (c'est-~dire ces deux constitutions) avoir distingu~es, mais surtout ~ s'&re refus6 ~ les confondre trop ais6ment ensuite" (136). Dans les limites de ce compte rendu, on ne peut songer utilement ~ faire plus qu'une allusion tant ~ la pr&ision des r~f~rences qu...