Skip to content
BY 4.0 license Open Access Published by De Gruyter (A) June 3, 2020

À propos du début du décret d’Aigai en l’honneur du roi Séleucos I et d’Antiochos I

  • Stefano G. Caneva EMAIL logo
From the journal Klio

Résumé

Cet article offre une nouvelle lecture et interprétation des premières lignes préservées du décret issu par la cité éolique d’Aigai en l’honneur du roi Séleucos I et de son fils Antiochos, à la suite de la bataille de Kouroupédion. Le commentaire se focalise sur le rapport entre la syntaxe et le message du texte, sur l’utilisation de la dénomination sôteres, entre nom commun et épiclèse cultuelle, ainsi que sur la manière de laquelle les citoyens d’Aigai ont justifié l’octroi des plus grands honneurs cultuels, par lesquels leurs bienfaiteurs sont adressés en qualité de divinités qui se sont manifestées.

Summary

This paper offers a new reading and interpretation of the first preserved lines of the decree issued by the Aeolian city of Aigai to honour King Seleukos I and his son Antiochos I in the aftermath of the Kouroupedion battle. The commentary focuses on both the syntax and message of the text; on the use of the denomination soteres as a common noun and as a cult epiclesis; on the way the citizens of Aigai justified the grant of the greatest cultic honours to their benefactors, who by consequence were treated by the community as deities having manifested themselves.

Depuis l’editio princeps publiée en 2009 par H. Malay et M. Ricl, le décret d’Aigai établissant des honneurs cultuels pour le roi Séleucos I et son fils Antiochos après la bataille de Kouroupédion (printemps 281 av. J.-C.) a attiré l’attention des spécialistes du culte royal hellénistique à cause de sa richesse en détails concernant l’intégration des nouveaux cultes pour les souverains dans la vie religieuse et politique – les rituels, la topographique, le calendrier – de cette cité de l’Éolide.[1] Les éditeurs ont eu le mérite d’avoir vite partagé avec la communauté scientifique un texte si riche, tout en soulignant que des problèmes interprétatifs demeuraient ouverts à propos de certains passages du décret. Cette note se focalise sur l’un de ces points critiques, notamment les lignes initiales du décret,[2] dont la restitution a suscité les réserves de tous les savants – y compris l’auteur de cette note – qui ont étudié le document jusqu’à présent. Pourtant, une nouvelle analyse montrera que le texte établi par Malay et Ricl est correct, et que son sens peut être éclairé avec des intégrations limitées.

Je présente tout de suite ma proposition de restitution du texte, qui comporte des nouveautés concernant les toutes premières lignes de la partie préservée du décret, suivie d’une traduction française, qui permettra de mieux dégager l’organisation syntaxique et le sens de ce passage complexe. La première ligne pour laquelle on peut restituer des fragments de texte précède la ligne 1 des éditions précédentes. Afin de préserver la cohérence avec la numérotation des éditions complètes existantes, j’attribue à cette ligne le numéro 0:

[…]

0

[………………….23………………….. χάριν λαμπ-]

[ρῶς (?) κ]αὶ καλῶ[ς ἀποδιδό]ναι Σελεύκωι κ[αὶ]

Ἀντιόχωι [Σωτῆρσιν]· ἵνα δὲ καὶ εἰς τὸν π[ά]-

[ν]τα χρόνον [ὡ]ς ὑπ᾿ ἀν[θ]ρώπων τὴν κ[α]ταξίαν

[τ]ῶν εὐεργετημάτων, ἧι θεοὶ οἱ ἐ[πι]φανέ[ν]-

5

[τε]ς τιμῶνται Σέλευκος καὶ Ἀντ[ίο]χος, να-

[ό]ν τε οἰκοδομῆσαι ὡς κάλλιστ[ον] πρὸς τῶ-

[ι] περιβόλωι τοῦ Ἀπόλλωνος etc.

Apparat critique:

Ligne 1: [… κ]αὶ καλῶ[ς …7…]ΝΑΙ : CGRN 137 et Malay – Ricl

Ligne 2: Ἀντιόχωι [….8….]Ε· CGRN 137 || Ἀντιόχωι [….8….] Malay – Ricl

Ligne 3: [.]Σ ὑπ᾿ ἀν[θ]ρώπων CGRN 137[3] ; [.]Σ ὑπ᾿ ἀν[θ]ρ̣ώ̣π̣ω̣ν̣ Malay – Ricl

“[… qu’on exprime (notre) gratitude] de manière [splendide] et noble à Séleucos et Antiochos, Sauveurs. Et afin que pour l’éternité, en remerciement adéquat de la part des hommes vers les bienfaits, Séleucos et Antiochos soient honorés en qualité de dieux qui se sont manifestés, (on a décrété) d’ériger un temple aussi beau que possible contre le péribole d’Apollon …”[4]

Les restitutions des lignes 0 et 1 se justifient par rapport à l’expression τὴν κ[α]ταξίαν à la fin de la ligne 3. Dans la plupart des décrets honorifiques où il est attesté, l’adjectif κατάξιος au féminin se réfère au mot χάρις, avec lequel il apparaît d’habitude dans la locution τὴν καταξίαν χάριν ἀποδιδόναι, “manifester, en échange, la gratitude adéquate” aux bienfaits reçus. Or, la lacune de 7 lettres au milieu de la ligne 1 se prête bien à la restitution de l’infinitif ἀποδιδό]ναι, ce qui nous permet aussi d’avancer l’hypothèse que le mot χάριν figurait dans la ligne précédente, maintenant entièrement perdue. La gratitude des habitants d’Aigai doit se manifester de manière magnifique: cette qualité est vraisemblablement exprimée par une hendiadis, qu’on propose de restituer avec la locution [λαμπ|ρῶς (?) κ]αὶ καλῶ[ς[5]. L’hypothèse que le texte contienne déjà une référence à la χάρις (à l’accusatif) nous permet d’ailleurs de justifier la présence de τὴν καταξίαν à la ligne 2 sur le plan à la fois lexical et syntaxique: nous n’avons pas à faire à un adjectif utilisé de manière substantivée,[6] mais bien à la concordance entre un adjectif et un mot qui le précède à brève distance, et dont l’adjectif reprend le cas accusatif.

À la ligne 2, Σωτῆρσιν remplit parfaitement la lacune de 8 lettres après le nom d’Antiochos et constitue la seule solution justifiée par la comparaison interne avec les autres mentions des noms des bienfaiteurs. Dans les parties lisibles du décret, Séleucos et Antiochos sont appelés Sauveurs dans deux passage qui stipulent les sacrifices que la cité doit faire à ses bienfaiteurs (lignes 16–17, Σελεύκωι καὶ Ἀντι|[όχω]ι Σωτῆρσι, et 46–47, τοῖς Σωτῆρσι Σελε|[ύ]κωι καὶ Ἀντιόχωι) ainsi qu’à la ligne 32 (Σέλευκον καὶ Ἀντίοχον Σωτῆρας), dans un contexte perdu mais qui pourrait renvoyer à l’annonce, lors d’un concours, de la couronne de gloire accordée aux souverains bienfaiteurs, ou au chant d’un hymne pour le couple royal.[7] Par contre, la dénomination Σωτῆρες n’apparaît pas dans l’inscription sur la base des statues cultuelles de Séleucos et Antiochos (lignes 9–10: ἐπιγράψαντας Σέ[λ]ευκον κ|αὶ Ἀντίοχον).[8] Le cas de l’autel des deux souverains est plus ambigu, car l’ordre des mots aux lignes 11–14 permettrait à la rigueur d’interpréter le génitif “des Sauveurs” comme une détermination du mot “temple” ou bien comme une épiclèse accompagnant les noms des souverains dans l’inscriptions de l’autel même: ἱδρύσασθαι | [δ]ὲ καὶ βωμὸν τοῦ ναοῦ κατεναντίον Σωτή|[ρ]ων ἐπιγεγραμμένον Σελεύκου καὶ Ἀντι|[ό]χου.[9] Le problème n’est pas entièrement résolu par la mention, à la ligne 43, de sacrifices à accomplir lors des séances de l’ekklésia sur l’ “autel des Sauveurs” (ἐπὶ τοῦ βωμοῦ τῶν Σωτήρων), car cet autel se trouve selon toute vraisemblance dans le siège de l’assemblée, donc en ville, et est dès lors à distinguer de celui installé dans le nouveau sanctuaire de Séleucos et Antiochos; celui-ci était probablement localisé hors-les-murs, à côté du sanctuaire d’Apollon, et par conséquent trop loin du lieu de réunion du peuple pour être impliqué lors des séances de l’assemblée.

L’impression qu’on peut tirer des lignes préservées du texte est que les habitants d’Aigai ont utilisé la dénomination Σωτῆρες, selon les cas, soit comme un nom commun, pour évoquer l’intervention salvifique de Séleucos et Antiochos, soit avec la valeur propre d’une épiclèse accompagnant les honneurs cultuels attribués aux souverains. Cette flexibilité est confirmée par deux détails ultérieurs: la présence/absence de l’article devant la dénomination Σωτῆρες et sa position avant ou après les noms propres de Séleucos et Antiochos. On peut reconnaître ici les indices d’une étape intermédiaire dans le procès d’affirmation de la dénomination Σωτήρ parmi les mots-clés de la royauté hellénistique: ces mêmes tendances se retrouvent dans la documentation contemporaine d’autres dynasties, le cas le plus achevé étant offert par les documents lagides, qui permettent de tracer la progressive standardisation de l’épiclèse Σωτήρ de Ptolémée Ier et son passage, pendant le première moitié du IIIe siècle, depuis une fonction d’acclamation liée à des contextes rituels locaux à celle de titre officiel du fondateur de la dynastie.[10]

Considérons maintenant dans le détail la locution [ὡ]ς ὑπ᾿ ἀν[θ]ρώπων τὴν κ[α]ταξίαν. En grec, la conjonction ὡς peut introduire une subordonnée avec un mode explicite ou implicite. Dans notre texte, la première option est exclue par la présence de la conjonction finale ἵνα, à laquelle appartient le subjonctif τιμῶνται de la ligne 5. Il reste à explorer la possibilité d’une construction avec un verbe dans un mode implicite, que les officiers chargés de rédiger le décret ont omis car il devait être de toute façon reconnaissable aux lecteurs. Puisque ὡς est souvent utilisé avec un participe conjoint, on peut identifier le verbe omis avec un participe du verbe εἰμί, en coordination avec l’accusatif τὴν κ[α]ταξίαν. Dans le cadre des intentions exprimées par la cité d’Aigai, dont le décret vise à établir des honneurs capables de commémorer pour toujours les bienfaits du roi Séleucos et d’Antiochos, on pourrait compléter la phrase introduite par ὡς avec le participe futur ἐσομένην. On reconstitue ainsi une subordonnée implicite à valeur finale, qu’on pourrait ainsi traduire: “pour que (la gratitude) de la part des hommes puisse être celle adéquate aux bienfaits”.

Venons ensuite à la locution ἧι θεοὶ οἱ ἐ[πι]φανέ[ν]|[τε]ς. Les commentateurs ont généralement interprété ce datif féminin du pronom relatif comme le début d’une subordonnée relative.[11] Pourtant, cette proposition impose d’interpréter le verbe τιμῶνται comme appartenant à cette phrase, et non pas à la subordonnée finale qui commence à la ligne 2, qui demeurerait dès lors sans verbe. Le problème est résolu si on attribue à ἧι une valeur adverbiale, à rendre en français comme “en tant que, en qualité de”[12]. Nous pouvons ainsi restituer le verbe τιμῶνται à la subordonnée finale introduite par ἵνα, et dont les sujets sont Σέλευκος καὶ Ἀντ[ίο]χος, honorés dans les intentions des habitant d’Aigai “en qualité de dieux qui se sont manifestés”.

Cette interprétation de la syntaxe de notre passage explique aussi pourquoi, selon la restitution proposée pour les lignes 0–1, les habitants d’Aigai auraient fait référence deux fois à la nécessité d’exprimer de manière adéquate leur gratitude envers les souverains bienfaiteurs. Cette double référence se justifie dans la logique des honneurs exceptionnels accordés par Aigai: la cité n’a pas seulement décidé d’exprimer sa gratitude de manière magnifique, mais en considération de la portée de l’euergesia de Séleucos et Antiochos, elle a décrété de leur attribuer des honneurs cultuels.[13] La deuxième référence à la gratitude que les habitants d’Aigai doivent montrer envers les bienfaiteurs a donc pour finalité de spécifier la nature des honneurs dans une direction cultuelle: à travers ces honneurs tout à fait inhabituels, les citoyens d’Aigai entendent s’adresser aux souverains en qualité de dieux qui se sont manifestés grâce à l’efficacité de leur intervention, selon une logique qu’on peut comparer avec celle de l’hymne chanté par les Athéniens pour Démétrios Poliorcète, une décennie avant le décret d’Aigai.[14]

Dans son commentaire à l’editio princeps du décret, A. Chaniotis exprimait sa perplexité à propos de la restitution ὑπ᾿ ἀν[θ]ρ̣ώ̣π̣ω̣ν̣ à la ligne 3, considérant que cette référence à l’humanité en général serait en désaccord avec le contenu du texte, qui, comme tout décret honorifique, se focalise sur les rapports entre des bienfaiteurs et la communauté locale.[15] Puisque la lecture de Malay et Ricl a été entretemps confirmée dans l’édition de CGRN 137, nous pouvons maintenant lire dans cette expression, et dans son lien avec le texte qui suit, l’attestation très rare, dans un décret civique établissant des honneurs cultuels pour des bienfaiteurs humains, d’une réflexion sur le rôle de ces honneurs dans la mise en forme du rapport entre les honorandi humains et les dieux traditionnels.[16]

Comme l’avaient déjà aperçu les premiers éditeurs, la corrélation instituée par le décret entre la gratitude des hommes et les honneurs accordés aux dieux n’est pas anodine dans la mise en discours du rapport entre les grands bienfaiteurs humains et les divinités.[17] Maintenant, nous pouvons mieux préciser l’intention des institutions d’Aigai à cet égard. À travers la syntaxe dense de ce passage, cette communauté éolique a établi un double parallèle entre, d’une part, la résolution spécifique de la cité et la nécessité générale que les hommes expriment leur gratitude de manière adéquate envers leurs bienfaiteurs; et, d’autre part, entre le cas précis des bienfaiteurs d’Aigai, Séleucos et Antiochos, et le plan général de l’équivalence, instituée par les honneurs cultuels, entre les grands bienfaiteurs royaux et les dieux, les garants traditionnels de la sauvegarde de la cité.[18]

Si donc, dans le décret, l’expression καθάπερ καὶ + le datif stipule à deux reprises l’équation entre les souverains et les dieux du panthéon traditionnel de la cité à l’égard d’actions rituelles précises,[19] la locution ἧι θεοὶ οἱ ἐ[πι]φανέ[ν]|[τε]ς étend cette équivalence au plan plus large – et plus ambigu – de l’équation entre rois et dieux en tant qu’acteurs d’une intervention salvifique pour la communauté et, par conséquent, en tant que destinataires de cultes. La particule ἧι, qui met en relation les nominatifs θεοὶ οἱ ἐ[πι]φανέ[ν]|[τε]ς et Σέλευκος καὶ Ἀντ[ίο]χος, permet, dans sa brièveté, de résumer les honneurs rituels stipulés par la cité (et énumérés ensuite dans le décret), et en même temps d’évoquer de manière discrète la problématique des rapports entre pouvoir humain et puissance divine dans le cadre historique de la consolidation des royaumes hellénistiques.

Remerciements

La recherche qui a mené à cette contribution s’insère dans mon projet “Practicalities of Hellenistic Ruler Cult” (PHRC), qui se focalise sur les aspects rituels et sociaux des honneurs cultuels pour les chefs politiques et les bienfaiteurs à la période hellénistique. Je tiens à remercier Marjiana Ricl pour avoir partagé avec moi des photos de la pierre, ainsi que Luca Lorenzon pour les améliorations qu’il a apportées à mon texte français.

Bibliographie

Caneva 2018: S. G. Caneva, Ptolemy I. Politics, Religion and the Transition to Hellenistic Egypt, in: T. Howe (éd.), Ptolemy I. A Self-Made Man, London 2018, 88–127.10.2307/j.ctv13pk80g.12Search in Google Scholar

Caneva 2020: S. G. Caneva, Ptolemy II, Son of Ptolemy Soter, and the Ideology of Salvation: From Civic Acclamation to Dynastic Title, ZPE 213, 2020, à paraître.Search in Google Scholar

Caneva – Lorenzon: S. G. Caneva – L. Lorenzon, Notes d’épigraphie séleucide, EA 53, 2020, à paraître.Search in Google Scholar

CGRN 137: J.-M. Carbon – S. G. Caneva, Decree Concerning the Foundation of the Cult Seleukos I and His Son Antiochos I at Aigai (CGRN 137), in: J.-M. Carbon – S. Peels – V. Pirenne-Delforge, A Collection of Greek Ritual Norms (CGRN), Liège 2016–2018 (http://cgrn.ulg.ac.be/file/137, consulté le 24/01/2020).Search in Google Scholar

Chaniotis 2011: A. Chaniotis, The Ithyphallic Hymn for Demetrios Poliorcetes and Hellenistic Religious Mentality, in: P. P. Iossif – A. S. Chankowski – C. C. Lorber (éds.), More than Men, Less than Gods. Studies in Royal Cult and Imperial Worship (Studia Hellenistica 51), Leuven 2011, 157–195.Search in Google Scholar

Habicht 2017: C. Habicht, Divine Honors for Mortal Men in Greek Cities. The Early Cases, Ann Arbor 20173 (Munich 19702).Search in Google Scholar

Jim 2015: T.S.F. Jim, Can Soteira Be Named? The Problem of the Bare Trans-Divine Epithet, ZPE 195, 2015, 63–74.Search in Google Scholar

Malay – Ricl 2009: H. Malay – M. Ricl, Two New Hellenistic Decrees from Aigai in Aiolis, EA 42, 2009, 39–60.Search in Google Scholar

Versnel 2011: H. Versnel, Coping With the Gods. Wayward Readings in Greek Theology (RGRW 173), Leiden – Boston 2011.10.1163/ej.9789004204904.i-594Search in Google Scholar

Virgilio 2003: B. Virgilio, Lancia, diadema e porpora. Il re e la regalità ellenistica (Studi Ellenistici 14), Pisa 20032.Search in Google Scholar

Published Online: 2020-06-03
Published in Print: 2020-06-01

© 2020 Caneva, published by De Gruyter

This work is licensed under the Creative Commons Attribution 4.0 International License.

Downloaded on 6.6.2024 from https://www.degruyter.com/document/doi/10.1515/klio-2020-0003/html
Scroll to top button