Abstract
Le retour de l’Église d’Antioche à la paix dont il est question dans les Lettres ignatiennes aux Philadelphiens et aux Smyrniens est interprété, depuis les travaux de P. N. Harrisson, comme la cessation d’une crise interne. Toutefois les similitudes entre le vocabulaire ignatien et celui des quatre Livres des Maccabées invitent à replacer le problème dans le contexte plus général de la littérature martyriale du judaïsme hellénistique : Ignace n’a jamais fait explicitement état d’une persécution, parce que, conformément à la mentalité de son époque, une persécution était perçue comme la manifestation de la colère de Dieu devant les infidélités de son peuple. C’est pour l’apaiser et permettre par son martyre le rétablissement de l’unité au sein de l’Église d’Antioche qu’Ignace s’est offert en victime expiatoire. L’hypothèse d’une crise interne n’exclut pas celle d’une crise externe