Abstract

L’objet historique est la création dans la ville de Richelieu d’une Académie royale, voulue, conçue et présentée comme une véritable nouveauté institutionnelle dans le "paysage éducatif" du XVIIème siècle. Académie qui vient s’emboîter dans le vaste programme architectural de construction conjointe d’une ville et d’un château, que le cardinal-ministre a entrepris sur le lieu même des terres de sa famille, dès son retour au service du roi en 1624. Pour Richelieu, cette installation dans sa ville constitue le moyen de donner un nouveau signe de force tangible de sa politique tant cette institution semble répondre à son souci constant de discipliner la langue et la jeune noblesse.Le recueil de textes paru en 1642 sous le titre justement d’ Académie Royale de Richelieu à son Eminence a suscité à ce jour peu d’intérêt de la part des historiens. Cette édition critique est une opération de quasi exhumation assez proche d’une continuité de carrière en lui donnant peut-être quelques nouveaux "départs de sens".Ce recueil compte 188 pages et se compose de quatre types de textes: -une Adresse au cardinal de 124 pages qui présente toutes les bonnes raisons d’établir une académie qui soit un remède efficace à l’hégémonie du latin et à l’ignorance de la jeune noblesse par deux nouveaux moyens: l’enseignement des sciences en français et une pédagogie unissant les exercices du corps et de l’esprit, -une Harangue de 40 pages prononcée par l’Intendant de l’Académie le jour de son inauguration officielle, - un texte de 2 pages composé de la "Réponse d’un fameux Docteur au Comte de Nogent", -les actes royaux : deux déclarations du roi, les statuts et règlements de l’académie,un extrait des registres du grand Conseil du roi, des lettres d’attribution du Grand Conseil.L’appareillage critique montrera pourquoi et comment ces textes sont mobilisés pour un projet politique qui n’allait pas de soi: celui de créer dans une petite ville isolée une institution modèle au service à la fois de la confirmation d’une "politique de la langue" et de l’éducation d’une noblesse plutôt rétive aux exercices de plume.Nous présenterons également la singulière destinée de l’auteur de ces textes, Nicolas Le Gras et sa rencontre étonnante avec Richelieu