Abstract
Alors que l’économie politique du développement a été proclamée morte et enterrée il y a trente ans, notamment par Paul Krugman, la parution récente de l’ouvrage de Cramer, Sender et Oqubay montre qu’il n’en est rien. Après avoir retracé les termes du reflux relatif de l’économie politique du développement, initiée par Hirschman, au profit du mainstream porté par le consensus de Washington durant les années 1980, ce texte souligne la richesse, tant en termes de contenu que de méthode, d’une approche qui privilégie le pluralisme méthodologique, l’historicité et une vision systémique des questions de développement. Il analyse de manière critique la façon dont l’État est vu comme l’agent clé de la stratégie de développement, et présente le cadre analytique qui permet à une politique industrielle de prétendre à la transformation structurelle. La question de l’insertion dans la division internationale du travail est au cœur des débats car la voie est étroite entre, d’une part, une adaptation passive en fonction des dotations factorielles et, d’autre part, une volonté de déconnexion qui ne permet pas d’acquérir une véritable autonomie productive.