Mens en dier

Tijdschrift Voor Filosofie 19 (1):3-20 (1957)
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Abstract

Par nécessit logique il faut qu'un examen des rapports fondamentaux entre l'homme et l'animal parte d'une définition, soit explicite soit implicite, et de l'homme et de l'animal. Sinon, on se bornerait à une description extérieure. Néanmoins on trouve une résistance involontaire contre la définition. Quelle est la cause de cette résistance ? En employant le terme „rencontre” dans le sens strict de contact intime, on peut observer une analogie remarquable entre la rencontre concernant deux notions et celle qui touche deux personnes. Dans les deux cas se produit un double événement : se retirer en soi même, et pénétration dans l'autre. Il n'y a pas un discours ou une conversation entre deux personnes ni entre deux idées sans une retraite et une pénétration simultanées, sans un maintien s'abandonnant. Le recul contre une telle „rencontre” est inspiré par la peur de se perdre. On devra donc démasquer les motifs de cette peur. La nature s'oriente à un instinct de conservation absolue ; la culture est née d'un retranchement de cette conservation égoiste. Voilà une distinction fondamentale entre la nature et l'homme. Si l'homme se borne à une conservation personnelle, la peur du vide l'envahit, parce qu'il perd alors chaque lien, chaque rapport avec la totalité humaine ou cosmique. D'autre part son identité exige de lui logiquement qu'il se maintienne comme personne constante et consciente malgré ses évolutions et ses abandons. Les mêmes contradictions sont intimement liées aux rencontres des idées. Par cela la définition exige un courage scientifique, comme la conversation exige un courage moral. Dans la conscience de l'animal ni le principe d'identité n'existe ni la peur de la solitude. Chaque définition contient de nombreux implications imprévues et imprévisibles, parce qu'une définition est une délimitation par des bornes et une borne a toujours deux fonctions : elle enferme le connu et elle touche à l'inconnu, au domaine qui est au dehors, c'est à dire elle forme un pont entre le connu et l'inconnu. La même chose vaut pour les rencontres humaines, pensez au mariage. Ainsi la définition comprise comme indication de l'essence ne mène pas à une effrayante isolation, au contraire : elle mène à une architecture scientifique. Mais la vérité de notre science exige que nous répondions de ces implications dès qu'elles se révèlent. Quand on définit l'homme comme animal raisonnable, on trouve des implications qui sont inacceptables. Les facultés sensorielles de l'animal sont restreintes, liées dans le corps animal ; celles de l'homme sont libres, produites par une action spirituelle. Chez l'animal, les réponses des sens sont stéréotypes selon l'espèce ; chez l'homme, elles sont originales et créatives, toujours un jugement critique des contenus de la perception. Une des causes de la popularité de cette fausse définition de l'homme est posée dans la relation étroite entre l'homme et l'animal. Pour l'être propre de l'homme l'animal est un problème. L'homme se reconnaît comme être doué de raison ou de jugement, et chaque fois qu'il perd sa raison il va ressembler plus ou moins à l'animal. Le jugement raisonné de l'homme crée une distance entre lui et l'animal, entre lui et la nature. L'homme juge la nature. En même temps, il ne se trouve pas, spirituellement parlant, hors de la nature. Précisément par son jugement il a un contact réel et véritable avec elle. Car son jugement ne peut pas être une illusion : ce jugement dévoile les illusions, il faut qu'il soit inséré dans la vérité comme un de ses éléments architectoniques. Mais jamais l'homme ne peut être identifié avec la nature, il s'en distingue même dans ses conduites bestiales qui sont fondamentalement autres que quelle conduite que ce soit d'un animal. Tout ce qui concerne notre vie pratique et mentale, artistique, religieuse ou scientifique, toute la culture humaine est une série continuelle de jugements sur la nature. Par cela la notion „nature” reçoit un nouveau contenu. On pourrait distinguer trois „natures” : la nature comme telle, dans ses propres rapports réciproques ; la nature dans la description scientifique ; et la nature dans l'homme, comme élément humain. La connaissance de ces trois natures est une forme de connaissance de soi-même : la première par contraste, la seconde par comparaison, la troisième par introspection. Dans tous ces sens, la nature est une chose jugée par l'homme, par le principe qui est réellement et fondamentalement „homme”. L'homme est l'être jugeant, c'est à dire il est l'être libre. Juger, c'est choisir, décider. La liberté de l"être humain est absolue, elle se montre aussi à l'égard de ses faiblesses comme jugement autonome. Mais il ne faut pas concevoir cette liberté comme une chose présente ou réalisée. Elle se réalise par les activités humaines dans le langage, la science, la culture. Elle ne se réalise pas vers un but achevé ; mais dans activité-même, en agissant. En d'autres mots : notre liberté fait appel à notre conscience morale et scientifique

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