Abstract
L'identification du site d'Aphrati (Crète centrale) avec le toponyme antique d'Arkadès, soutenue pour la première fois par D. Levi et généralement acceptée, est en réalité fort peu satisfaisante. Le « Contrat de travail » de Spensithios ainsi que plusieurs autres documents nous engagent plutôt à localiser à cet endroit la cité de Dattalla, dont le fonctionnement est étudié tant à partir des sources écrites qu'à travers les vestiges archéologiques. L'histoire de cette cité est ensuite éclairée par l'examen du contexte régional, et plus particulièrement par la politique d'expansion de la cité de Lyktos dès l'époque archaïque. Cette étude dévoile une évolution des cités de Crète centrale beaucoup plus dynamique qu'on ne l'avait soupçonné jusqu'ici, attirant l'attention sur certains changements qui ont touché ces cités au VIe et au Ve s. av. J.-C. Elle fait notamment apparaître une restructuration des territoires qui trouve de nombreux parallèles contemporains dans d'autres cités du monde grec et contraint à revoir l'image d'une Crète en sommeil, entièrement tournée vers son passé, que véhiculent tant l'historiographie antique que les interprétations modernes.