Abstract

Les textes de Merleau-Ponty qui traitent explicitement de la guerre sont tous écrits en 1945 ou postérieurs à cette date ; ils sont contemporains de l’engagement marxiste de l’auteur qui, avec Sartre, a fondé Les Temps modernes. La Phénoménologie de la perception, dont les premiers linéaments sont lisibles avant 1939 et qui paraît juste après la guerre, est écrite pendant l’occupation allemande ; il est intéressant de regarder si la guerre n’est pas présente dans ce livre et comment elle l’est dans une philosophie de la sensibilité apparemment heureuse, tant qu’elle paraît servir de fondement et de cadre à une philosophie de l’histoire, mais aussi tragique quand l’histoire semble exiger une théorisation qui prend le pas sur la philosophie de la perception. Merleau-Ponty a-t-il réussi une synthèse? Ou ne reste-t-il de son ambition de traiter de l’histoire comme il traitait de la perception qu’une philosophie divisée, dont on peut suivre les clivages presque en chaque proposition et dont l’échec est déjà perçu par les contemporains du phénoménologue, marxiste ou non? Merleau-Ponty ’s texts dealing explicitly with war were all written in 1945 or a few years after : they are contemporary to the Marxist involvement of the author who founded Les Temps modernes with Sartre. The Phenomenology of perception, whose first outlines can be traced as far back as before 1939, and which is published immediately after the war, was written during the German occupation of France : it is interesting to wonder whether war is not yet present in this very book whereas it is already there in a philosophy, only apparently happy, since it seems to ground and frame a new philosophy of history, but it seems also quite tragic an approach when history seems to demand a theorization overstepping the philosophy of perception. Did Merleau-Ponty succeed in writing some kind of synthesis? Or does it only remain of his ambition to deal with history as if he were dealing with perception only a torn philosophy whose splits may be followed almost throught every proposition and whose failure is already perceived by the phenomenologist’s contemporaries, whether they be Marxists or not?