Abstract
Résumé — Le rapport de Simone Weil au marxisme est paradoxal en ce qu’il dévoile une fidélité à Marx par-delà les ruptures et les renonciations à la théorie marxiste. Au premier abord, les liens de Weil au marxisme semblent discontinus puisque après avoir adopté certaines idées révolutionnaires pendant ses premières années d’activité politique, elle critique Marx dès les années 1930, et finit apparemment par l’abandonner dans la dernière partie de sa vie. Ce constat, cependant, loin de révéler la disparition lente et inexorable des concepts de Marx, semble plutôt démontrer leur persistance et leurs métamorphoses dans la philosophie de Weil. Nous voudrions ainsi suggérer que sa critique de la révolution elle-même, ainsi que le " christianisme " développé à la suite de son année d’usine, constituent sa façon singulière d’être marxiste dans le moment même où celui-ci semble avoir perdu pour elle toute utilité.— S. Weil’s relationship to Marxism is paradoxical because it unveils a loyalty to Marx in spite of ruptures and renunciations of the Marxist theory. S. Weil’s ties to Marxism seem discontinuous because after having adopted certain revolutionary ideas during her first years of political activism she criticizes Marx in the 30’s and ends up seemingly abandoning him in the last part of her life. This path, however, far from revealing the slow and inexorable disappearance of Marx’s concepts, rather, demonstrates the persistence and metamorphoses in S. Weil’s philosophy. We suggest then, that a criticism of the revolution followed by a kind of Christianity developed in the wake of a year spent in the factory, constitute S. Weil’s own special manner of being Marxist, even though Marxism seems to have become useless to her