Clio 46:65-86 (
2017)
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Abstract
Cet article s’intéresse aux gestes performatifs et aux pas de danse à travers lesquels les femmes colonisées de la bourgeoisie négocièrent les tensions profondes entre le patriarcat indien et la domination coloniale au Bengale (en Inde) à la fin du xixe et au début du xxe siècle. La première partie examine la contribution du Prix Nobel de poésie, Rabindranath Tagore (1861-1941), au développement de la danse au Bengale et replace sa pratique de danse au sein d’une discussion plus large sur le genre et le nationalisme indien. La seconde partie explore l’intérêt de Tagore pour la mise-en-scène du genre et la décolonisation de la scène indienne à travers l’étude de ses lettres de voyage en Asie du Sud-Est. La troisième partie déplace le regard au-delà de l’idée d’auteur célèbre qui influence la plupart des écrits sur Tagore – poète et romancier, reconnu internationalement, notamment pour ses spectacles mettant les femmes au centre de la scène. À la place, cet article privilégie une lecture donnant à voir le travail et l’écriture sur la danse de sa belle-fille, Pratima Devi. Cette dernière conçut, supervisa, et travailla sur beaucoup des œuvres dramatiques et dansées de Tagore au Bengale, renversant ainsi beaucoup des normes qui étaient imposées par un nationalisme indien patriarcal sur les femmes issues de la bourgeoisie. Ainsi, cette étude incite à comprendre les relations entre le travail du corps des femmes dans et hors de la scène colonisée de la danse du xxe siècle bengali.