Abstract

Cherchant à prouver, au tournant des XIIe et XIVe siècles, qu’il peut exister une pluralité d’anges dans une même espèce, Duns Scot se demande ce qui fait d’un individu celui qu’il est. Ce faisant, il démontre en métaphysicien une vérité que les sciences du concret, qu’il ne prévoyait pas, n’ont cessé de confirmer, à savoir qu’il n’est rien chez un individu qui ne soit individué.Ni la matière par opposition à la forme, ni le nombre, ni le lieu, ni la différence n’expliquent la singularité. Cette cause positive est la célèbre heccéité, par quoi toute nature commune est déterminée en dernière instance. Mais si l’individualité n’est pas communicable, les natures le sont. L’individu prime sur l’espèce, mais l’individualisme ne se soutient pas.D’autre part, puisque la signature propre à chaque être, pierre ou homme, est irréductible à la forme, il faut que la littérature et les arts, qui cherchent si souvent à l’exprimer, demeurent toujours en chemin, sans pouvoir saisir ce qui est dans son actualité intime