Abstract
La section narrative de bien des anaphores anciennes, latines principalement mais pas uniquement, reposait sur une structure tripartite. Elles présentaient une action de grâce au Père pour l’envoi de son Fils, pour la Passion rédemptrice et pour l’adoption divine. Cette section christologique est l’héritage des élaborations théologiques les plus anciennes qui trouvent place dans le Nouveau Testament. Ces formules, malgré des relents de subordinatianisme, ont réussi à se frayer une place dans les Sacramentaires francs, bien que ces derniers appartiennent à une époque qui avait abandonné depuis longtemps le rôle de médiateur au profit de l’affirmation exclusive de sa divinité transcendante. Les traditions liturgiques résistent durablement, par comparaison avec les changements théologiques. Les plus anciennes prières, obstinément offertes au seul Père, le Dieu un et unique, par le Christ son envoyé, étaient élaborées à une époque où la notion de consubstantialité du Fils au Père était encore loin d’être pensée