Clio 36:91-108 (
2012)
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Abstract
Le propos de l’article est l’analyse de la cérémonie de la prise d’habit au sein de l’Ordre Notre-Dame du Mont-Carmel aux xviie et xviiie siècles. À partir des sources normatives, picturales et hagiographiques, cette cérémonie est détaillée, notamment la scénographie de l’avant/après, gommant toute marque féminine. Certaines pratiques témoignent de la mise en impatience de ce passage de la soie au drap, qui se traduit par des prises d’habit clandestines, prématurées ou des portraits de mondaines usurpatrices en habit de carmélites. Il est vrai que le modèle absolu de La Madeleine, compte tenu des origines le plus souvent princières des postulantes, n’est pas étranger au prestige de la métamorphose. Réalité et construction représentative permettent de montrer comment le Carmel s’est approprié une cérémonie, qui, dans le contexte compétitif entre les ordres de la liturgie tridentine, valorise la femme, par le biais de la moniale, affranchie des attributs de son sexe. Mais surtout, la vêture a su rendre spectaculaire et désirable ce qui a priori ne l’est pas, la pauvreté et la pénitence du corps et de ses attributs, dans le but avoué du recrutement de nouvelles postulantes. De la rivalité entre drap et soie, le vainqueur n’est pas forcément celui que l’on croit