Clio 8 (
1998)
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Abstract
L’auteur s’est attachée à l’écriture singulière de G. Duby dans le domaine de l’histoire des femmes, et tout particulièrement dans les trois volumes des Dames du XIIe siècle. G. Duby y témoigne en effet d’une vigilance toute particulière à l’égard de l’expression, en centrant son discours sur un « JE » qui assume les risques d’affronter des documents toujours masculins, pour y débusquer ce qu’il appelle « des ombres insaisissables », les femmes de l’époque féodale. Parfaite maîtrise des ressources de la langue, syntaxe souple et inventive, mais aussi forte conscience des effets de la voix : cette langue est bien celle de l’affect tout comme celle d’un imagier. L’historiographe du féminin use d’une écriture subjective et dramatisée, où le point de vue de la narration désigne toujours la relation passionnée du locuteur avec les témoignages qu’il interroge. À quoi contribuent les alternances des perspectives temporelles et la constance de champs métaphoriques : capture, rapt, butin, girons périlleux ou fertiles... Martèlements et ellipses font de cette écriture un discours véhément et convaincant, le plus personnel que l’historien ait jamais mis en oeuvre.