Abstract
La publication des Inédits laisse émerger dans les notes et réflexions d’Emmanuel Levinas un véritable « corpus » de notations autour de la métaphore. L’article cherche à ressaisir le mouvement de pensée qui traverse cette attention portée à un thème moins explicitement présent dans l’œuvre publiée. Il montre que Levinas se dégage des perspectives rhétoriques classiques et se démarque de Husserl, Heidegger et Merleau-Ponty, en décelant dans le « mouvement d’amplification au-delà » porté par la métaphore, l’essence même du langage. Il tente ensuite de retracer le lien qui lie « l’au-delà » (dont les métaphores du langage expriment la transcendance de pur jeu) et la « hauteur » (dont le visage est Dire dans la trace de l’absolument Autre). Il s’efforce enfin d’expliciter ce que Levinas – qui désigne Dieu tel l’Irrévélé de la responsabilité éthique – veut signifier par cette notation surprenante : « sans métaphore on ne peut pas entendre la voix de Dieu »! L’article se conclut par quelques remarques sur la rupture du mouvement de la métaphore vers l’insaisissable de la passivité du créé et sur l’usage de l’emphase hyperbolique dans Autrement qu’être ou au-delà de l’essence.