Abstract
La critique sceptique de la causalité donne cohérence à l’épistémologie négative du scepticisme ancien (Sextus Empiricus) et moderne (Montaigne). Le fait que cette critique porte à la fois sur l’ontologie causale et sur la logique causale produit un double effet : la critique de l’ontologie causale établit que l’on ne peut pas rendre raison des choses à partir de leurs fondements absolus, ce qui contraint à distinguer l’objectivité scientifique de l’essence métaphysique. Ce premier aspect accompagne donc la science moderne émergente. Mais en tant que la critique de la causalité porte sur la rationalité et l’intelligibilité du réel, elle fait porter le soupçon également sur les certitudes de la science moderne, en même temps qu’elle ouvre en philosophie tout un champ de réflexion sur l’irrationalité, devenue constitutive de notre rapport au réel.