Merleau-Ponty et la critique des fondements philosophiques de la Nature cartésienne
Abstract
Au début de la deuxième partie du cours consacré à la notion de Nature au Collège de France pendant l?année universitaire 1956-1957 (« La science moderne et l?idée de Nature »), Merleau-Ponty établit de manière synthétique mais très claire toute la portée que garde à ses yeux la discussion autour de la notion de Nature . D?après notre auteur, il y aurait trois moments décisifs dans la construction historico-philosophique de cette notion. D?abord, une première conception, issue de « l?héritage aristotélicien et stoïcien » 1 , selon laquelle la Nature est une forme vers laquelle tendent téléologiquement les natures particulières. Ensuite survient un deuxième moment, « qui bouleverse l?idée de Nature » 2 , accompli par ceux que Merleau-Ponty appelle « les cartésiens » 3 . Cette vision générale culminerait avec Kant, après qui une troisième voie serait ouverte. Selon Merleau-Ponty, cette voie serait celle de Schelling, de Bergson et de Husserl 4 . Merleau-Ponty ne s?arrêtera point sur le premier grand moment de cette histoire, ni dans ce séminaire ni ailleurs. Il s?attachera, en revanche, très soigneusement à suivre l?évolution du concept de Nature tant dans la « tradition cartésienne » que dans le troisième moment qui lui est opposé. Le tournant des « cartésiens », dira Merleau-Ponty, est caractérisé par la radicalisation de la notion d? infini propre à la tradition