Abstract
Une classe capitaliste nationale peut-elle émerger dans les pays africains nouvellement indépendants? Débattue il y a quarante ans à propos du Kenya, la question se pose également pour l’Éthiopie des trois dernières décennies. Bien que ce pays n’ait jamais été colonisé, son passage il y a trente ans d’un régime militaire à un État démocratique et développeur a marqué un tournant comparable à celui des pays africains anciennement colonisés. Cette transition politique promettait d’accorder un rôle économique plus important au secteur privé national, jusqu’alors très limité. Cette transition s’est toutefois accompagnée d’importantes contradictions en matière de propriété du capital, compte tenu de la centralisation de la politique industrielle par l’État éthiopien. Cet article analyse les tentatives de l’État éthiopien de stimuler la formation d’une classe capitaliste productive et autochtone, dans le secteur des métaux et de l’ingénierie, au cours de la dernière décennie.