Abstract
L’article examine la façon dont Hegel traite la représentation des attributs divins, avec référence particulière à deux questions traditionnelles : la question de leur compatibilité réciproque et le problème de l’univocité ou équivocité entre les prédicats humains et divins. Les hypothèses défendues sont les suivantes : la prétention de connaître Dieu en lui attribuant plusieurs prédicats constitue selon Hegel l’erreur fondamentale de la théologie rationnelle ; néanmoins, Hegel ne considère pas tous les attributs divins comme représentations dépourvues de noyau spéculatif et donc simplement destinées à disparaître, avec le passage du niveau de la Représentation au niveau du Concept ; il affirme plutôt la correspondance des prédicats de toute-puissance, bonté, justice et sagesse, avec les déterminations du Concept ; la transposition spéculative de ces attributs divins est une partie intégrante de la « véritable théodicée » de Hegel, car elle représente une réplique – alternative à celle de Leibniz – par rapport à l’anti-théodicée de Pierre Bayle, centrée sur l’affirmation d’une contradiction insoluble entre la bonté, la toute-puissance et la justice divines ; enfin, l’éclaircissement du lien dialectique que Hegel établit entre justice et sagesse divines – à travers leur transposition spéculative – permet de mieux saisir la façon dont il conçoit le rapport entre justice humaine et justice divine, qui est ici examinée à travers une analyse de l’interprétation hégélienne du livre de Job.