Noesis 20:169-203 (
2012)
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Abstract
Le néolibéralisme est la conception du monde organique du néocapitalisme mondialisé dont l’objectif est d’imposer à toutes les pratiques la soumission réelle par et sous le capital indissolublement industriel et financier. Cette conception du monde capture les subjectivités et les forme par le développement d’un imaginaire pauvre mais efficace. La critique de l’économie politique inclut celle de cet imaginaire. Celui-ci n’est pas une figure simple. Il s’articule en deux dictions non convergentes, mais spéculaires, saisies dans une tension souvent contradictoire.La première est une diction universaliste qui mime la logique pure du capital en la mystifiant. La seconde diction est liée au retour nécessaire des configurations concrètes de la différenciation anthropologique : genre, nationalité, citoyenneté privilège, religion, langue, culture. L’imaginaire obéit alors à la dualité entre un « Nous » et un « Eux » et il se fait guerrier et raciste. Cette tension est structurale et jusqu’à aujourd’hui l’imaginaire néolibéral a réussi à supplanter son universalisme abstrait en le supplémentant par recours aux différenciations anthropologiques, comme le prouve le devenir capitaliste de toutes les économies de la planète, qui disent leur concurrence en ce langage. Une brèche pourrait cependant s’ouvrir dans ce dispositif : c’est celle que produit une économie capitaliste devenue par le moyen de la dette une économie de la dette. L’imaginaire de la dette peut être le lieu d’une critique et d’une pratique émancipatrices nous libérant des formes de l’imaginaire néolibéral. Pourquoi pas un imaginaire du débiteur libéré ; et s’appropriant dans une démocratie processus sa puissance d’agir et de penser, individuelle et collective?