Abstract
La vulnérabilité dans la relation de soin est manifeste du côté de la personne malade. Il s’agit ici de mettre à jour l’impensé de cette relation : la vulnérabilité du soignant, exposé non seulement à la souffrance, mais à toute l’existence d’autrui, jusqu’à sa mort. À partir d’une expérience de bénévolat en soins palliatifs, cet article présente quelques aspects de ce que Ricœur appelle une « phénoménologie du soi affecté par l’autre que soi », afin de montrer que la reconnaissance de cette vulnérabilité peut devenir une vertu relationnelle. Juste milieu entre l’impuissance et la toute-puissance, elle ouvre à la sollicitude, qui révèle les capacités et permet une action ajustée à la situation. Reconnue comme « fonds commun » entre soignant et soigné, elle permet de corriger l’asymétrie de la relation pour y introduire une dimension de réciprocité.