Paris: L'Harmattan (
2016)
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Abstract
Cet ouvrage se donne pour tâche d’examiner les discours les plus emblématiques produits par la philosophie moderne au sujet de la peine de mort. Assumant d’emblée le point de vue abolitionniste, notre intention n’est nullement de « peser le pour et le contre », mais de poser la question suivante : dans quelle mesure est-il possible de fonder rationnellement le refus catégorique de la peine capitale ? À cet égard, le détour par l’histoire de la philosophie nous montre à quel point la raison est avant tout divisée contre elle-même. En effet, au terme d'un travail visant à mettre à l’épreuve la cohérence interne des partisans de la peine de mort (Locke, Kant, Stuart Mill), ainsi que de ses adversaires (Beccaria, Bentham), il nous est apparu impossible de conclure à un simple défaut de rationalité de la part des uns ou des autres. Ce que l'on constate au contraire, c'est que chaque démonstration se déploie à partir d'un certain nombre de principes éthiques indémontrables. Bien plus, chaque grand courant de la philosophie pénale est susceptible de donner lieu à des prises de position radicalement opposées. Mais pour peu que l'on se refuse à concevoir un abîme insurmontable entre la raison d'une part, et la sensibilité d'autre part, la philosophie morale peut bénéficier d'une approche dans laquelle le raisonnement et « le cœur » se complètent, au lieu de constituer une alternative. À cet égard, c'est dans l'œuvre de Jean-Jacques Rousseau qu’il nous a semblé possible de repérer les éléments permettant de fonder au mieux l’abolition.