Abstract
La première question que cette étude examine est celle du rôle que le Socrate de Platon et le Socrate de Xénophon reconnaissent à l’ askêsis dans la genèse de la vertu. La question de l’ askêsis débouche à son tour sur une autre question, celle de l’exemplarité de Socrate. Dans la mesure où celui qui s’exerce à la vertu a besoin d’un modèle, il faut également examiner si Platon et Xénophon proposent Socrate comme un modèle digne d’être imité. L’étude qui suit s’inspire de l’approche que j’ai coutume d’appeler l’« exégèse comparative », laquelle consiste à confronter l’une à l’autre, sur un même thème socratique, les positions défendues respectivement par le Socrate de Xénophon et par le Socrate de Platon, afin de mettre en lumière les différences entre leurs positions respectives, la portée de ces différences et, surtout, les raisons qui les sous-tendent. La question du rôle de l’ askêsis dans la genèse de la vertu se prête particulièrement bien à l’exégèse comparative dans la mesure où la question de départ est clairement formulée, en des termes très voisins, dès les premières lignes du Ménon et au début d’un chapitre des Mémorables (III 9).