Abstract
Thomas Reid (1710-1796), comme on sait, réfute toute réduction des opérations mentales à la perception de quelque chose de mental (une image ou une idée par exemple). Ainsi il s’oppose au modèle perceptif des opérations mentales. Mais, pour sa part, comment pense-t-il les opérations mentales? Parce qu’il identifie la conception, que toute opération intellectuelle implique, à l’acte de concevoir, nous pouvons nous demander s’il pense que le pouvoir de l’esprit est celui d’un agent et si, selon lui, les opérations créent l’évidence ou produisent leurs objets. Contre une telle interprétation, cet article établit dans un premier temps en quel sens les opérations mentales peuvent être considérées comme des actions de l’esprit. Dans un second temps, on examine le sens dans lequel elles sont dites avoir un objet. Ces deux points soulignent l’aversion de Reid pour le subjectivisme et expliquent son opposition au modèle perceptif. Le dernier temps de l’article distingue deux cibles : un modèle optique et un modèle tactile (d’où un modèle sentimentaliste fut dérivé). En prêtant attention à leurs motifs scientifiques et philosophiques, Reid se permet d’expliquer leur lien généalogique et de comprendre qu’ils ouvrent la voie à différentes sortes de scepticisme.