Clio 35:201-214 (
2012)
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Abstract
L’article donne une vue d’ensemble sur la réception antique et moderne de la figure alexandrine de la philosophe païenne Hypatie, dont le martyre en 415 de notre ère symbolise l’obscurantisme religieux des premiers chrétiens. L’article étudie les mécanismes de la transmission antique des savoirs, laquelle fonde la longue tradition de l’histoire européenne des idées. Surtout, il interroge la valeur de la tradition produite autour des textes évoquant Hypatie : par exemple, les lettres que Synésios de Cyrène aurait adressées à celle qu’il désigne comme sa Maîtresse. Celles-ci, loin de révéler la réalité historique d’un amour très platonicien entre un savant et une femme à l’intelligence perçue comme quasi-divine, semblent plutôt mettre en scène un couple philosophique fictif, qui, à l’instar de Diotime et Socrate, valorise finalement l’élu, seul entre les disciples capable de saisir l’essence de la parole philosophique. Après cette déconstruction du personnage de la philosophe néo-platonicienne, l’article interroge la production de l’Hypatie historique. Il analyse en particulier les débats autour de la paternité ou la co-paternité des œuvres d’Hypatie traitant de l’astronomie et des mathématiques avant de conclure sur l’importance de l’oralité dans la tradition philosophique antique, des Pythagoriciens aux cercles alexandrins de la fin du iiie siècle et du début du ive siècle de notre ère.