Abstract
Par rapport à la conception réflexive du retour à soi propre à la philosophie du sujet telle qu’elle se développe de Hegel à Ricœur et qui cherche à surmonter la dispersion de la vie temporelle par une formation de soi dans l’unité d’une histoire, saint Augustin nous donne à penser une autre figure de l’ipséité qui permet d’échapper aux apories de la centration égologique comme à l’antihumanisme de ses contestations. L’histoire personnelle dans sa finitude et sa facticité ne peut trouver son unité et son sens qu’en dehors d’elle, dans un retour à la vérité qui illumine. Le soi, selon saint Augustin, ne se laisse pas comprendre par rapport au projet néoplatonicien de purification, car il ne s’agit pas de trouver une place dans le cosmos, mais de se libérer de toute forme venant du monde dans un combat intérieur entre le poids de la concupiscence et l’attente patiente des biens véritables. L’humilité, la patience et l’amour sont les actes du soi véritable.