Abstract
Le matérialisme historique standard, évolutionniste et progressiste, faisant se succéder les modes de production envisagés à l’échelle de sociétés, simple inversion de l’hégélianisme, est aujourd’hui totalement abandonné, discrédité qu’il est par l’échec des pays du socialisme réel. Cependant, deux philosophes marxistes, Jacques Bidet et Kojin Karatani, ont récemment cherché à reconstruire des philosophies de l’histoire sur une base marxiste en puisant dans les travaux issus de l’analyse des systèmes-monde, qui avaient produit des histoires mondiales du capitalisme critiques de l’eurocentrisme et du nationalisme méthodologique du marxisme développementaliste. Quels réaménagements conceptuels ont été nécessaires pour réaliser cette articulation? Dans les deux cas, l’intégration des concepts et résultats historiques de l’analyse des systèmes-monde a eu pour condition une déconstruction du dualisme de la structure/superstructure qui constituait le noyau du matérialisme historique. Pour autant lorsqu’il s’agit d’inscrire historiquement des perspectives d’incarnation au communisme, les deux auteurs divergent sur le rôle qu’y a joué l’Europe.