Abstract
Les nombreux débats conflictuels entourant l’application du principe de grève de masse au sein du Parti social-démocrate allemand témoignent de la lente agonie des idéaux marxistes au sein de ce parti de masse. La fragile victoire des idéaux prônés par la faction radicale du Parti contre ceux des réformistes, entre 1900 et 1906, connaît un retour de balancier sans appel après la première révolution russe. De 1906 à 1910, la logique légalo-parlementaire allait progressivement devenir la seule voie légitime aux yeux des dirigeants du Parti. Ce changement de tactique et de stratégie visant à conquérir le pouvoir, sera grandement contesté par plusieurs militants influents du Parti. Le conflit intellectuel entre Rosa Luxemburg et Karl Kautsky, qui éclata publiquement en 1910 alors que les mouvements contestataires en Allemagne étaient très forts, nous permet de comprendre, par l’analyse du discours de ces penseurs marxistes, les raisons qui conduisirent le SPD à ne pas appliquer la grève de masse. Ceci, alors qu’une motion favorable à ce principe avait été votée en 1905 lors du Congrès d’Iéna. Du point de vue pseudo-sérendipien qui était le sien, Luxemburg croyait fermement que la temporalité était favorable à l’application de la grève de masse. L’interprétation temporelle et électoraliste de Kautsky l’amènera plutôt à critiquer les effets pseudo-sérendipiens, non contrôlés par le SPD, entourant ce type d’action politique.