Abstract
On dit et répète que, dans la République, Platon a chassé les poètes de la cité. L’affirmation n’est pas fausse, à condition d’ajouter plusieurs réserves et précisions qui, si on les prend au sérieux, donnent une image très différente de l’attitude de Platon envers la poésie. La cité a besoin de poètes : une partie essentielle de l’éducation des gardiens (livres II-III) repose sur la musique-poésie, et c’est bien pourquoi Platon s’attarde longuement sur les règles à respecter en la matière. Cette poésie soumise à la censure n’est pourtant pas la seule admise : vis-à-vis de la poésie existante (Homère, les Tragiques), le philosophe adopte une position nuancée : elle a beaucoup de charme, et si elle a beaucoup de défauts, il n’est pourtant pas impossible de l’accueillir dans la cité pour peu que les citoyens soient munis de l’antidote fourni par l’éducation. C’est à cette dernière qu’on doit apporter tous ses soins, à celle des gardiens mais aussi à celle des citoyens ordinaires.