Diogène n° 269-270 (1):31-48 (
2021)
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Abstract
Les astrologues étaient, au xviii e siècle, l’une des cibles satiriques des auteurs des Lumières, qui appelaient « superstition » ce qui ne rentrait pas dans le cadre de la science et de la religion instituées. Le traitement de ces personnages dans les œuvres de Walter Scott et d’E.T.A. Hoffmann indique toutefois qu’un tournant a eu lieu au début du xix e siècle : à partir notamment du modèle schillérien, cette figure à l’identité ambiguë a acquis une profondeur nouvelle grâce à sa capacité à revêtir de nombreux masques. Scott et Hoffmann ne représentent pas l’astrologie comme une menace ou un objet de dérision qu’il convient de tourner en ridicule. Elle est devenue chez eux aussi bien un « moment » du passé qui possède une valeur d’exemplarité historique, qu’une des voies permettant la défense des pouvoirs de l’imagination et d’une vision enchantée du monde. Il est donc pertinent de remettre en question certaines idées que ces auteurs défendent à propos de leur œuvre : la prose de Walter Scott n’est pas aussi opposée à celle de Hoffmann qu’il l’a affirmé, et Hoffmann, en ce qui concerne du moins l’histoire des croyances, hérite lui aussi du rationalisme des Lumières qu’il entend dénoncer.