Recht en wereld

Tijdschrift Voor Filosofie 17 (4):591-622 (1955)
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Abstract

Dans « Sein und Zeit » Heidegger nous a donné une description fondamentale du « Dasein » comme « In-der-Welt-sein » . Une telle conception de l'existence comme être au monde se trouve dans le livre de M. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception. Qu'est ce que la signification de cette phénoménologie existentielle pour la philosophie et la science du droit ? Voilà la question que l'auteur a entamé dans cet article. Il faut essayer de montrer phénoménologiquement comment la connaissance du droit et l'étre-juste se fondent dans la structure de l'existence comme « In-der-Welt-sein » ou être au monde. On parle beaucoup de l'In-der-Welt-sein » en nos jours, quelquefois peut-être sans bien: sé réaliser ce que cette expression veut dire et en quoi consiste le renouvellement philosophique et scientifique, qui se propose dans ces mots. Un tel renouvellement peut bien avoir des conséquences importantes pour toute la vie humaine, au delà de la distinction de cette vie en théorie et praxis. Il y a deux phénomènes, entre beaucoup d'autres, qui peuvent bien illustrer cette structure de l'existence comme « In-der-Welt-sein » : le langage ou la parole et l'historicité de l'homme. Le langage n'est pas une des « qualités » de l'homme, mais l'homme est essentiellement un ètre parlant, un ωον λόγον έχον, comme le dit la définition ancienne. La parole ou écrite n'est pas une doublure de la pensée, mais la pensée et la parole sont une unité créative, comme le dit nettement M. Merleau-Ponty : « L'orateur ne pense pas avant de parler, ni même pendant qu'il parle ; sa parole est sa pensée ». La connaissance théorique est fondée dans un « Schon-sein-bei-der-Welt » ; elle n'est qu'une certaine manière d' « In-der-Welt-sein » , qui n'est pas primaire. Cette connaissance n'est pas l'origine du contact d'un sujet et d'un monde ; comme existence le « sujet » est toujours déjà dans le monde. « La pensée n'est rien d'„ interieur", elle n'existe pas hors du monde et hors des mots » , écrit M. Merleau-Ponty. L'historicité de l'existence trouve aussi son origine dans cette structure de l' « In-der-Welt-sein » . Les choses antiques sont antiques parce qu'elles font partie d'un monde passé. L'adhérence de l'existence aux choses et des choses à l'existence est la source de l'historicité. La science de l'histoire n'est pas possible parce que l'historien pourrait se situer hors du temps, cette science peut exister seulement grâce au fait que l'historien lui-même est tout à fait historique. Il peut comprendre un monde passé dans sa spécificité par le fait qu'il est lui-même dans le monde, un monde différent. Dans cette perspective le temps n'est pas un « mal nécessaire » et la situation n'est pas un « principe d'erreur » , mais une grâce, la seule source de là vérité, aussi de la vérité scientifique. Si le droit nous enveloppe tous, on peut dire en variant sur un mot de M. Merleau-Ponty sur l'histoire, c'est à nous de comprendre que toute découverte du droit et tout être-juste n'est pas possible contre l'inhérence de l'existence dans un monde du droit, mais par elle. Superficiellement pensée elle détruit toute vérité du droit ; pensée radicalement il y a là une possibilité d'une vision plus profonde sur le droit et sa vérité. Il faut chercher l'essence du droit dans la sphère du « Mitsein » authentique, qui laisse être « les autres et les choses » . Ce « Sein-lassen » ou laisser être doit être interprêté dans le sens, que Heidegger donne à ces mots dans son petit livre, De l'essence de la vérité. La signification de ces mots n'est pas : indifférence, mais, contrairement : « Sicheinlassen auf das Seiende » ou s'engager dans l'étant. En concluant l'article l'auteur cherche à illustrer par six exemples comment la compréhension du fait fondamental, que le « Dasein » est un « In-der-Welt-sein » , peut donner une vue nouvelle sur le droit et quelques problèmes touchant le droit. L'école du droit naturel, comme l'école du droit positif font de la justice ou du droit un système de règles, connaissable en principe, et ne le voient pas comme un mode historique d'être dans le monde. La connaissance du droit n'est pas une connaissance des « faits juridiques » , elle n'est possible que par le fait que nous sommes dans le monde et dans le droit. L'homme peut s'ouvrir à la réalité du droit, parce que le droit l'enveloppe. Aussi l'histoire du droit n'est pas une somme de faits juridiques, p. e. des institutions ou des règles juridiques, mais une description de l'être dans le monde comme être dans le droit. L'auteur parle ensuite de la signification d'un système juridique, comme une ensemble des instituts juridiques, qui se fondent dans un parti pris existentiel. Le sens ou la conscience du droit n'est pas une sensibilité subjective et par cette raison bien suspecte ; le sens du droit est le seul moyen d'obtenir une connaissance véritable de l'essence du droit. On ne peut pas faire une distinction entre le droit et la morale comme concernant deux « terrains normatifs » différents ; toutes les images spatiales, toutes les distinctions en « terrains » hétéronomes ou autonomes sont inadéquates et ne sont pas capables de découvrir l'essence cachée du droit et de la morale. Il faut voir le droit et la morale comme un événement concret, comme une manière d'être dans le monde authentique. Les théories philosophiques du déterminisme et de indéterminisme, qui sont maintes fois défendues et attaquées par des savants en droit pénal, sont toutes les deux bien insuffisantes. Elles font de l'homme ou une chose objectivée ou une « liberté acosmique et ne voient point que l'existence est dans le monde, qu'elle est jetée dans sa facticité et projettant par sa créativité, qu'elle est un mode d'être inobjectivable, qu'on ne peut pas concevoir en des termes comme « déterminée » ou « indéterminée » . Une question très actuelle est celle de la possibilité d'une collaboration effective par les « spécialistes » , qui donnent leurs avis sur une personne prévenue ou condamnée au juge ou à l'administration. Cette collaboration est-elle possible parce que ces « spécialistes » sont en outre des « êtres humains » , qui peuvent se rencontrer sur un plan cohumain ? Une telle thèse ne semble pas juste en tant qu'elle sépare une essence de l'homme d'une existence de spécialiste. Ces gens spécialisés ne peuvent pas s'entendre « en dépit » de leurs disciplines diverses, mais, au contraire, grâce au fait qu'ils sont dans un monde spécial et qu'ils voient les fondements et la spécificité de leurs « spécialismes »

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