Abstract
Bien que les théoriciens du « retour du politique»s’efforcent de penser l’agir selon ses propres termes, c’est-à-dire en l’absence de fondements philosophiques, ils invoquent fréquemment des récits eurocentriques au sujet de l’histoire occidentale pour justifier la force critique de leur mode de pensée. La première partie de cet article met en évidence ce provincialisme du politique tel qu’il est en jeu chez Claude Lefort et Cornelius Castoriadis. Dans un deuxième moment, je présente la rencontre entre Socialisme ou Barbarie et la tendance Johnson Forest, autour de C. L. R. James et Grace Lee Boggs, comme une occasion de dépasser ce provincialisme, en esquissant une contre-histoire à la fois partagée et divisée au sein des espaces transnationaux de l’Atlantique noir. Enfin, une troisième partie organise un dialogue entre le « retour du politique » et des contributions récentes en théorie décoloniale qui, s’inspirant de Merleau-Ponty, visent à repenser l’universel au-delà de ses enchevêtrements avec la domination coloniale.