Abstract
L’œuvre de Villiers de l’Isle-Adam se signale par l’ambivalence qu’elle entretient par rapport à la science. Une certaine fascination pour la démarche scientifique et ses applications techniques va en effet de pair avec des exigences métaphysiques, d’inspiration philosophique et occultiste, qui en limitent la portée, voire en contredisent les valeurs. Le propos de l’article est donc double. Il s’agit d’abord d’évaluer le statut même de l’entreprise scientifique, en tant qu’il fait l’objet, dans les récits de Villiers, d’une appréciation contrastée. Il faut ensuite saisir comment, dans L’Eve future en particulier, les enjeux de la fabrication d’une « Andréide » débordent largement ceux d’une évocation sans distance des possibilités matérielles de l’intelligence technicienne pour concerner non seulement la fonction idéalisante de l’artifice, mais encore les pouvoirs occultes de l’« esprit »