Abstract
La rationalisation de la parole réalisée par Simonide et les sophistes a consacré le rejet de la vérité au profit de la doxa. Or, la doxa, l’opinion commune, c’est le lieu de l’ambiguïté et de l’instabilité du sens. La sophistique, en faisant de la doxa la valeur cardinale de tout discours, a conduit au subjectivisme et au relativisme. Mais Platon et Aristote considèrent qu’il n’y a de sens que du stable, et que la stabilité du sens repose elle-même sur le fait que la parole, qui en est l’expression, contienne nécessairement la vérité sur l’être. Ils ont donc voué toutes leurs oeuvres à combattre la doxa et les sophistes afin de rétablir la vérité comme valeur fondamentale du discours qui fait sens. L’on montre ici l’impertinence de la position platonicienne et aristotélicienne en en révélant la contradiction interne. Cela nous conduit au rétablissement de la doxa, c’est-à-dire au fait que l’instabilité du sens qui la caractérise n’entraîne pas forcément le rejet de la vérité, ni le relativisme. Seulement la vérité dans la doxa se comprend, dans un sens wittgensteinien, comme un consensus de forme de vie.